samedi 15 janvier 2022

Faerie noire - La triste existence de Félix la Balance


L'affaire débuta dans les rutilants bureaux de la compagnie Elf films. Petite boîte de production cinématographique et de blanchiment d'argent, propriété de Tonton Max, un pointu, figure connue du monde des affranchis.

Voilà donc Marlène Démonjoe, pointue sublime déglinguée, Jules Potin, galibot mécanicien et Alain Deloin, dahu porte-flingue convoqués chez le Tonton.
A ses côtés, attirant l'œil comme une décapotable coupée sport, Loulou Vidal, sa nièce qui aime bien jouer les riches avec les mêmes qualités d'actrice qu'une speakerine de la RTF.

Le Tonton leur demande de régler une petite affaire qui le met dans l'embarras en échange d'une remise à zéro de leur ardoise.
Un certain Félix Lebreton, nabot de son état et intime de Loulou, a profité de la candeur de la jeune actrice en herbe, pour lui soutirer des infos qu'il s'est empressé d'aller bavasser aux condés. L'impardonnable !
Bref, le parrain nous demande de régler l'affaire dans le genre définitif en ajoutant un volet pédagogique pour sa nièce qui nous accompagnera !
Alors que les trois compères évoquent la finitude des choses pour Félix, il est clair que la môme Loulou en pince drôlement pour le court-sur-pattes.
Marlène en profite pour la prendre à l'écart et tente de lui expliquer que jouer les riches oies blanches est une chose, être vraiment naïve et croire que l'on peut se fier à un gars en est une autre.

La sublime déglinguée prend d'office le volant d'une voiture aimablement prêtée par la Elf films, alors que ses acolytes et la starlette grimpent à la place du mort et des deux grands brûlés. La demoiselle leur indique le Balto, un rade du 13éme où le nabot aime bien s'imbiber de Bastard, la bière des stars.
L'équipe y est reçue par une ambiance plus proche de la banquise que de la croisette. Ils commandent par politesse avant d'entrer dans le vif du sujet, à savoir obtenir des infos sur le malfaisant. Immédiatement, les habitués se font rétifs hormis une galibote dont le maquillage fait penser aux rayons de chez Ripolin. Elle fait du rentre dedans à un Jules peu farouche.
Mais Alain s'échauffe, la moutarde lui monte au nez, et il exhibe son soufflant à l'assemblée qui devient soudainement coopérative. Le gars Lebreton, il crèche chez une baveuse, Maître Bichette, avec qui il serait à la colle. L'a l'air de tremper son biscuit dans du beau linge, le bougre. Y fait de l'ascension sociale à la force du piolet qui balance entre ses courtes guibolles !

La bicoque de la rombière du barreau de mes deux chaises se situe à Pontoise, au 35 rue de la poupée qui tousse.
Les représentants de l'amicale de Tonton Max s'y rendent dare-dare mais avec une certaine retenue, Marlène rappelant qu'à faire du vilain chez un baveux pourrait entraîner une publicité indésirable pour leur capo. Chemin faisant, ils passent devant les studios où est tournée la production cinématographique qu'a dû mettre en pause Loulou, pour cause de stage de respect au sein de la famille. Le quatuor se met en planque devant la grille du jardin de la demeure de Maître Bichette, cherchant un signe de la présence de Félix la Balance comme on le surnomme déjà. Mais, une fois de plus, Alain Deloin s'impatiente, sort du véhicule et va faire le tour de la propriété accompagné de Jules. Marlène reste dans la voiture afin de tenir compagnie à Loulou, pas vraiment à l'aise dans cette épopée. Une fois franchi le mur arrière, le duo repère la Chevrolet bleue du nabot bavard et Jules s'empresse de la saboter tandis que son collègue observe à l'étage une silhouette féminine en compagnie d'un mâle plutôt costaud.
Ils reviennent à la voiture et l'attente pouvant être longue, Marlène s'en va acheter de la tortore dans le quartier.

C'est là que déboule au débotté Alain Melon, jeune premier et acteur à succès de l'industrie de l'image qui bouge. Ayant reconnu Loulou dans la voiture, il s'est convaincu de son enlèvement. Accompagné de quelques manouvriers péchés sur le lieu de tournage, il interpelle, d'une manière frisant l'incident diplomatique, son homonyme pistoleros et son camarade garagiste. Trouvant fort grossier qu'un cave vienne leur chier dans l'ventilo, Jules sort, machine à découdre au poing, ce qui à l'art de ramener les grincheux au calme et à la pacification. Les indélicats décarrent à toutes jambes, après une jolie démonstration des talents de M. Deloin comme portier à l'hôtel des trépassés.
Marlène revient avec quelques agapes.

Jules échafaude un plan consistant à faire sortir la baveuse de sa retraite. Il embarque Loulou jusqu'au bar du coin. Il appelle Tonton Max afin de savoir si Maître Bichette ne ferait pas partie de la maison. Mais non, elle est inconnue au bataillon. Il demande alors à Loulou de bigophoner à Maître Bichette et de lui hurler son désespoir amoureux et son urgent besoin de voir le Félix Lebreton. Une voix masculine lui répond et, grosso merdo, l'envoie balader.
Jules et Alain en ont marre et passent au plan B.
Jules s'en va faire du barouf à l'entrée pour attirer les gravos porte-flingue de la maisonnée pendant qu'Alain et Marlène font le mur de derrière. Loulou reste en sécurité dans la voiture. Le dahu investit la bicoque comme un soldat américain une kommandantur.

La Bichette finit par se retrouver avec le canon d'un revolver sous le pif. Marlène joue l'apaisement et la charmeuse, et retourne la baveuse comme un gant. Elle accepte de coopérer alors que soudainement une voix provenant de la cave appelle à l'aide. Elle les y accompagne et ouvre le sous-sol sur un donjon plutôt bien aménagé où un Félix, en très mauvais état, sèche sur une croix de Saint-André. Un oeœil crevé, la gueule en marmelade, le nabot crie à la douleur et à l'injustice. Il balance qu'il a été piégé par la baveuse qui est en cheville avec le chef des Masques de Belleville qui comptent s'en prendre à Tonton max dès ce soir.

Ils l'embarquent rapidement après lui avoir gentiment ordonné de fermer sa grande bouche et ils filent à bord de leur véhicule à la Elf films.
Ils débarquent tout juste pour voir trois malhonnêtes masqués sortir en trombe des bureaux de Tonton Max, l'un deux une mallette à la main. Ils s'engouffrent dans une voiture et décollent en trombe.
Marlène ne s'en laisse pas compter, enfonce le champignon et les poursuit pare-choc contre pare-choc alors que ses deux compagnons leur offrent une ration de plomb. La conductrice, montrant que son surnom de déglinguée n'est pas forcément usurpé, pousse la voiture des malfaisants dans le décor. Jules va récupérer le porteur de mallette encore passablement vivant ainsi que son bagage.

Ils ramènent le tout à la Elf films où c'est le chaos. Tonton est légèrement blessé et se fait rafistoler par sa porte-flingue.
Il est plutôt content de voir revenir ses enquêteurs avec sa nièce, le traître et un des masques. Mais il leur avoue que les trois assaillants n'étaient que diversion et que le patron des Masques s'est fait la malle par la porte arrière avec le plus gros du grisbi.

Reste à finir le boulot. Coup de bol, le Tonton Max a un chantier en cours dans la ville. Une bonne occasion de jouer de la truelle pour offrir catafalque en béton à ce poissard de Félix sous le regard mouillé de la gosse Loulou.
Dans leur partie, les affranchis finissent toujours par bâtir quelque chose même avec les pieds devant.


 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire