samedi 22 mai 2021

À Cœurs Vaillants - L'Anneau des Empereurs

Chapitre I - La tombe d'Ozymandrax

Il était une fois dans le duché de Burguondy, une jeune femme endeuillée par la mort de son père, le Duc. C'était un seigneur avisé, qui, pour un noble, ne faisait pas trop de misère à son peuple, et qui avait su s'entourer de personnes sagaces grâce à sa maîtrise magique. En effet, il disposait du pouvoir de juger de la sincérité, de l'intégrité et de la loyauté des gens. Ainsi avait-il pu faire prospérer son royaume.

Carte régionale

Mais la faucheuse était venue mettre un terme à son existence et sa fille, désireuse de poursuivre l’œuvre de son père mais sans en avoir les pouvoirs magiques, se trouvait fort dépourvue face à la noblesse patriarcale qui ne voulait reconnaître son autorité.

Duchesse Ianos III
Elle se tourna alors vers son spécialiste en magie et mystique. Il trouva dans des parchemins séculaires d'obscures références en un ancien anneau magique dont les effets étaient les mêmes que le sort paternel.

L'anneau se trouvait dans la tombe de son dernier possesseur : Ozymandrax, enterré, pour ce que le conseiller de la duchesse en avait découvert, aux alentours de Brögskum, à proximité de ruines d'une ancienne ville depuis longtemps oubliée. Brögskum étant, malheureusement, à la frontière des Terres Barbares et de toutes les atrocités humanoïdes qui en foulaient le sol. De plus la Duchesse n'avait que 15 jours de délai pour pouvoir prouver ses compétences et sa valeur. L'affaire était délicate.

Elle embaucha, pour la coquette somme de 50 pièces d'or chacun, un trio d'aventuriers / explorateurs afin d'aller quérir l'Anneau des Empereurs qui lui permettrait d'asseoir son autorité dans son fief et continuer de le faire prospérer.

La première, dans l'ordre de présentation fut Mercia la prêtresse, disciple de Crom, pour qui Justice et Bataille était le crédo. La main sur sa masse d'armes, ses sorts en tête, son regard farouche montrait qu'elle était prête à en découdre.

Mercia, prêtresse de Crom

Le deuxième était un Hobbit du nom de Ween "Woosy" Woosnam. Grand de nom mais petit de taille, vif d'esprit et aux mains lestes. Ses talents, alliés à une notion très approximative de la propriété privée, faisaient que le contenu de vos poches finissait le plus souvent dans les siennes.

Ween "Woosy" Woosnam, voleur

Le troisième était un guerrier nain. Dambruin Ferecu était son nom, la hache de bataille son outil de travail. Fils de forgeron, il s'était engagé jeune dans la protection du territoire de son clan contre orcs, gobelins et autres humanoïdes baguenaudant dans la région. Il en avait gagné une âme de combattant, quelques cicatrices, et la détestation pour les races dépravées.

Dambruin Ferecu, guerrier, nain

Tous trois apprirent à se connaître au long du voyage de 3 jours qui les mena de Ravenhölm à Brögskum. Ils prirent ainsi du repos dans ce dernier bastion de la civilisation et y apprirent que la région était infestée de zombies, d'humanoïdes chelous qui attaquaient, la nuit, les palissades construites hâtivement.  La populace parlait même d'une Nation Zombie Nomade qui se déplaçait de monolithes en monolithes présent dans la région. Ces érections chthoniennes auraient pour effet de les amener à la conscience et ainsi aurait débuté la création de cette Nation de morts-vivants.

Mais les aventuriers laissèrent néanmoins Brögskum et ses habitants apeurés pour s'enfoncer le 4ème jour dans l'arrière pays à la recherche de la ville oubliée puis de la tombe d'Ozymandrax.

Les Terres Barbares, arrière pays

Guidés par les vieux parchemins, ils finirent par dénicher la ville en ruine puis, au flanc d'une falaise alentour, ils découvrirent une entrée flanquée de deux torches allumées. La porte censée fermer le tombeau, car ils étaient bien persuadés de l'avoir trouvée, gisait défoncée au seuil du passage.

 

Ils se dirent immédiatement qu'ils ne devaient pas être seuls dans le coin et redoublèrent de vigilance. Surtout que les linteaux étaient couverts de graffitis gobelins peints, visiblement avec du sang, séchés à présent.

Prudents mais loin d'être effrayés, Mercia prit une torche et s'enfonça dans les ténèbres, suivit par Dambruin et Woosy, lanternes à la main. Un escalier raide et étroit descendait jusqu'aux restes d'une porte en pierre fracassée au sol. L'arme au poing, la disciple de Crom enjamba ces gravats pour déboucher dans une salle creusée à même la roche et dont l'atmosphère était saturée d'odeur de pourriture, d'urine et de sang.

À la lueur de sa torche, elle distingua un cadavre allongé au centre de la salle. Puis, s'accoutumant rapidement à la pénombre, elle distingua vaguement d'autres formes humanoïdes dans la pièce à l'instant où une voix froide et désincarnée l'apostrophait d'un "Qui va là !?" sec et interrogateur. Elle vit alors, sortant lentement de l'ombre, 4 squelettes tout en os, armures et sabres à l'état douteux. Étant familière dans ses études des morts-vivants, elle se mit en position de combat, le fait que ce genre de créatures puissent parler, voilà qui la rendait nerveuse.

Un cinquième squelette sortit de l'ombre, plus grand, dont le crâne n'était pas humain mais avait davantage des traits simiesques, néandertaliens. Néanmoins il s'exprima d'une voix gutturale dans le langage commun pour demander aux explorateurs leur intention. Lui et sa bande voulaient poursuivre à l'Est. Seuls !

Le squelette en chef et sa bande

Résolue à défoncer ces engeances non-mortes, elle prit le temps de demander au Néandertalien cadavérique s'il connaissait l'emplacement de l'Anneau des Empereurs. Il indiqua de sa main décharnée la même porte ouvrant vers l'Est. Elle jeta alors sa torche vers le milieu de la salle, brandit le symbole religieux de Crom, et faisant appel à sa divinité, lança un sort de Renvoi des Morts-vivants. Mais Crom devait être occupé ailleurs et la prière fut sans effet sur les cadavres ambulants si ce n'est une réaction agressive car, c'était clairement un appel au combat. Elle cria "Morts-vivants" à ses camarades restés en arrière dans l'escalier et qui ne voyaient rien de la scène, puis s'avança dans la pièce pour leur libérer le passage.

Dambruin déboula hache de bataille en tête allant au devant du chef accompagné de deux sbires pendant que Woosy couvrait ses arrières avec son arbalète. La prêtresse en profita pour psalmodier un sort de Protection contre le Mal qui lui permit d'esquiver sans mal les attaques de deux ennemis qui lui faisaient face. Mais son compère nain, lui, prenait cher. Sa hache comme les carreaux du Hobbit semblant moins efficaces sur des créatures dépourvues de chair comme d'organes. Les os n'offrant pas une cible facile ni rien à trancher ou percer.

Cependant, Dambruin parvint à blesser le squelette simiesque ce qui eut pour conséquence une certaine hésitation de la part de ses soldats morts-vivants. Ils semblaient, tout à coup, moins résolus à la vue des faiblesses de leur commandant. Tout en esquivant, Mercia se rapprocha du guerrier à verticalité réduite, assez près pour le toucher et lui prodiguer un soin magique. Les plaies refermées, l'énergie restaurée, tous deux attaquèrent le cadavre au crâne de singe l'obligeant à reculer. Le combat difficilement commencé tournait en leur faveur.

Ce fut à ce moment que Woosy, matraque cloutée au poing, fonça vers deux squelettes dans l'évidente tentative de faucher aux genoux les deux ossuaires humains. Mais, calculant mal sa trajectoire, il se retrouva au centre de la pièce à faire une clé de bras au cadavre qui n'avait rien demandé.

De leur côté, la hache taillait et la masse d'armes broyait des os et le squelette en chef fut à nouveau durement touché. A cette vue, ses subalternes prirent leur tibia à leur cou et faisant feu des deux fuseaux se tirèrent comme des lapins. Leur commandant reculait tout en couvrant la retraite de ses maigres troupes. Woosy éclata l'arrière train d'un fuyard à la portée de sa matraque cloutée alors que Mercia explosait le crâne du Néandertalien d'un coup de son arme. De la troupe ennemie, seul un soldat mort-vivant s'en tira momentanément car voulant s'enfuir par la porte Ouest, et s'emparant de la poignée, il fut instantanément carbonisé dans un crépitement électrique suivi d'une forte odeur d'ozone. La porte était piégée à l'évidence !

Le combat étant fini, Woosy se mit à fouiller le cadavre innocent dont il avait fini par lâcher le bras, en quête de quelques informations ou, à défaut, d'une bourse maintenant inutile à son propriétaire. Wossy n'aimait pas le gaspillage ou l'errance monétaire sauf si ça finissait, bien sûr, dans sa besace.

Pendant ce temps, Dambruin et Mercia s'étaient rapprochés de la porte Ouest et l'observaient avec minutie. La porte en elle-même était normale mais sa poignée était d'une facture toute particulière. En effet, de section carré, elle était composée d'un alignement de 4 cubes portant chacun sur 4 faces, 4 symboles différents. Ça sentait le code ! Se pourrait-il que les cubes puissent pivoter pour réarranger les alignements de symboles se demandaient nos deux compères tout en n'osant rien toucher de crainte de l'électrocution bête et mortelle.

Ils appelèrent donc leur ami Hobbit, spécialiste serrurier à ses heures. Du temps où ce dernier se penchait sur le problème, le guerrier et la disciple de Crom allèrent inspecter la porte Est. Munie d'une poignée conventionnelle, le nain n'hésita pas à l'ouvrir. Il discerna à la lueur de la torche de sa comparse, qui juste derrière, ne distinguait que dalle, une petite pièce parcourue de bas-relief et équipée de deux squelettes sur pattes qui lui tournaient le dos. Il en informa discrètement sa coéquipière, tout en s’apprêtant à leur balancer sa lanterne, pensant peut-être innocemment qu'ils fuiraient la lumière. À ce moment, ils entendirent derrière eux un crépitement électrique lointain et force jurons. Woosy était sur une piste prometteuse tout autant que douloureuse visiblement. Profitant de ce moment surprenant, Mercia retint le bras de son camarade, lui conseillant de charger les sacs d'os et de les défoncer par surprise. Ainsi fut fait et promptement, Maître nain trancha dans l'os alors que Mercia l'épaulait avec moins de succès. Cependant les 2 gardes furent réduits en éclats rapidement alors que des exultations de joie venaient briser le silence de fin de combat.

Les deux combattants décidèrent donc de rebrousser chemin pour revenir vers leur compère qui semblait avoir trouvé la solution au piège. En effet, il les attendait devant l'huis ouvert et Dambruin prenant la tête, ils entrèrent dans la pièce suivante.

Elle était vide. Des bas-reliefs semblables aux précédents parcouraient ses murs. Ils représentaient une cérémonie incompréhensible, en l'honneur d'un personnage inconnu. Les habits comme l'architecture étaient d'un autre âge, depuis longtemps enfoui sous les sables du temps.

Velminar, architecte, fantôme
D'un pas ferme et résolu, le nain la traversa pour aller ouvrir la porte en face. Il déboucha sur une impasse. Une salle dont l'excavation n'avait pas été terminée. Dans la partie aménagée, se trouvait au sol un petit coffre sur lequel le nain avide et faisant fi de toute prudence posa une main gantée et ferme. Un fantôme apparu aussitôt et lui fonça dessus tous doigts crochus en avant. Dambruin lâcha la boîte ! Le fantôme se figea alors que Mercia et Woosy pénétraient enfin dans la demie-grotte, et demanda la raison de la venue du trio en ces lieux. Jugeant que l'ectoplasme n'était pas dangereux, ils se présentèrent. Ils apprirent ainsi que lui-même se nommait Velminar et était l'architecte du Tombeau d'Ozymandrax. Il perdurait ici car il n'avait pas fini le travail selon ses dires et il leur indiqua gentiment l'emplacement de la Tombe de son défunt souverain, à l'Est.

Ils prirent alors congé et repartirent en sens inverse. Mais la porte de la salle aux deux squelettes précédemment occis par la prêtresse et le nain s’avéra bloquée. Alors qu'ils songeaient à la forcer, elle s’entrebâilla et une voix peu rassurée leur demanda de décliner leur identité. Cela fait, des raclements de meubles se firent entendre et la porte fut dégagée. Derrière, une sorte d'église souterraine où trônait en son centre un cercueil de pierre proprement fracassé et 3 pilleurs de tombe dont une pilleuse, sur le qui-vive.

Ils se présentèrent, Thibault de Méreuve, le meneur de l'équipe. Kurt Courbe-épine patibulaire et louche et Dara-flor Brisache, une gamine d'à peine 12 ans d'après son apparence. La défiance était au rendez-vous de part et d'autre, nos aventuriers étant persuadés que les malandrins avaient déjà fauché la bagouse. Ils les interrogèrent, leur intimant, en échange de leur vie, de rendre l'objet de leur quête. Thibault proposa de ranger les armes, de s'asseoir et de discuter calmement. Woosy enjoignit ses camarades à calmer leurs humeurs batailleuses et suspicieuses et d'accéder à des négociations raisonnées.

Les trois brigands

Une fois le nain bourru et têtu finalement assis, une main traînant sur le pommeau de sa hache, Thibault leur appris que l'endroit avait déjà été pillé avant leur arrivée, comme le prouvait l'état lamentable du lieu. Ce bazar était l’œuvre de gobelins, dont il connaissait l'identité et la localisation, comme l'attestaient les symboles de sang séché qui couvraient certains endroits de la maçonnerie. Lui et sa bande de traînes-patins s'étaient réfugiés dans l'église pour échapper aux quelques pauvres squelettes qui hantaient l'endroit. Contre un passage sans combat vers la sortie, il consentait à leur livrer ses informations. Woosy exigea de voir leurs prises avant de rendre une réponse. Avec réticence ils exhibèrent les richesses qu'ils avaient pu glaner après le passage des créatures souterraines. Quelques maigres verroteries arrachées aux cadavres ou à leurs sépulcres.

La tombe d'Ozymandrax, bibliothèque de la Duchesse Ianos III

Pas d'anneau ! L'affaire fut donc conclue et Thibault leur apprit que leur trésor avait fini aux mains du Clan Tore, un clan orque dirigé par Gormand et installé dans les Marches du Nord, au sein des Terres Barbares, infestées de races humanoïdes malveillantes.

Nos explorateurs se dirent alors, que cette aventure allait porter leurs pas bien plus loin que prévu et, probablement, mettre leurs talents à rude épreuve. Cependant ils étaient résolus à accomplir leur mission même s'il s'avérait nécessaire d'affronter un clan orque dans son entier.

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Chapitre II - La colline du Trilame

Nos aventuriers marchaient à travers les landes douteuses des Marches du Nord, croisant régulièrement des graffitis ou des totems clairement d'origine orc ou gobeline. Le soir venu, ils montèrent un camp sûr et Mercia, la clerc de Crom, prodigua des soins à Woosy et Dambruin. Ils reprirent leur route le lendemain, percevant au loin d'inquiétants cris humanoïdes.

Image non contractuelle des Landes du Nord

Chemin faisant, Woosy leur apprit que les trois gagne-petits avec lesquels ils avaient négocié avaient leur tête mises à prix et une réputation plus que douteuse. Ils leur vint donc à l'esprit que les trois traîne-savates étaient possiblement en train de les suivre afin de s'emparer de leur prise une fois qu'ils auraient "négocié" avec orcs et gobelins. Cependant, en retour, Mercia et Dambruin songeaient que c'était tant mieux, car ils n'auraient pas à courir après les récompenses promises pour la capture des malandrins de bas-étages.

Le Trilame
Finalement, ils arrivèrent, prudemment, mais sans encombre en vu de la colline du Trilame,. Le lieu portait parfaitement son nom puisqu'au sommet de la colline étaient plantés trois gigantesques épées dont la légende contait qu'elles furent laissées par trois Dieux après un long conciliabule. Encore à quelque distance de la résidence du Clan Tore, nos trois héros remarquèrent sans difficulté la horde de charognard grognant et volant en cercle à l'aplomb du Trilame. S'approchant, une odeur de mort, de cadavre et de pourriture heurta leurs narines, puis ils constatèrent que la colline était  jonchée de cadavres d'orcs portant un cercle rouge et de gobelins arborant trois griffes noires. Il était clair pour nos aventuriers que les uns et les autres s'étaient foutus sur la gueule jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Ainsi, ils arrivèrent très tranquillement au sommet de la colline et du charnier pour découvrir une entrée dans le sol suivit d'un escalier s'enfonçant dans le noir.

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Chapitre III - Donjon sans Dragon

Nos aventuriers se retrouvèrent dans un labyrinthe de salle dont voici le plan.

 

La première pièce (19) était maçonnée et dallée. Un cadavre orc auquel on avait prélevé des morceaux gisait dans un coin. Des rideaux masquaient les sorties, et l'un d'eux semblait reposer sur quelque chose. Mercia s'approcha précautionneusement et découvrit derrière une barricade constituée de meubles empilés. Au delà, la clerc entraperçut un orc avec lequel elle engagea une courte discussion en langage gobelin avant que la créature la planta d'une flèche. Cela eut pour effet d'énerver nos aventuriers qui se mirent à déblayer le passage avec férocité pendant que Dambruin fléchait en vain leur ennemi. Finalement, le passage fut dégagé (20) et Mercia chargea immédiatement, contant bien rendre au centuple la blessure que la créature lui avait infligé, Woosy, l'épée au clair, sur ses talons. Mercia ne fut pas d'une grande  efficacité et ce fut une fois de plus le nain qui coupa en deux le belligérant.

Le combat fini, ils avisèrent une porte dissimulée, restée entrouverte. Mais la prêtresse de Crom repéra un discret mouvement derrière. Elle fit signe à ses camarades et se plaça sur le côté de l'ouverture. Puis elle défonça la porte de l'épaule espérant bien surprendre d'éventuels adversaires et qu'ils se prennent la lourde dans la poire. Le plan marcha partiellement et la guerrière se retrouva dans une sorte de garde-manger / salle de garde avec un orc au sol se tenant le groin et un autre équipé en armure prêt à en découdre (9). Malheureusement, ayant trop pris d'élan, Mercia se vautra aux pieds de ses ennemis en prenant un coup d'épée au passage. A terre, elle s'aperçut qu'un troisième orc occupait la pièce et que très probablement Crom avait décidé de lui apprendre la prudence et l'humilité à la dure.

Orc, guerrier
Fort heureusement, Dambruin était sur ses talons, hache au clair. Il trancha net l'une des créatures tandis que sournoisement, une autre l'atteignait de son arme. Mercia, esquivant les attaques, lança un sort de Bénédiction, apportant chance à ses camarades, dans la bataille. Devant la férocité du nain, les deux orcs restant tentèrent de fuir mais l'équipe n'avait pas décidé de faire de prisonniers ou de survivants et ils périrent tous deux. Les aventuriers récupérèrent quelques rations mangeables pour un estomac humain après quoi Mercia et Dambruin allèrent scruter discrètement derrière le rideau le plus proche et la porte qu'il dissimulait. L’entrouvrant avec prudence, ils découvrirent une pièce (11) décorée de tête d'orcs et de gobelins sur des piques et une énorme loup couché au milieu de la salle dont la moitié du corps semblait fait de pierre. Ils refermèrent avec délicatesse la porte et décidèrent d'un commun accord qu'un autre chemin était préférable si possible.

Ils empruntèrent donc une porte secrète qui était restée étonnamment entrouverte. Ils traversèrent une première pièce (4) mais la suivante révéla une pièce munie d'un bassin en son centre et un orc leur tournant le dos, à l'autre bout, scrutant le rideau suivant. Restant dissimulés, un plan fut conçu. Visiblement orcs et gobelin se livraient bataille. Mercia, maîtrisant le langage torturé des gobelins, insulta à travers le rideau le soldat orc. Ce dernier se précipita rageusement vers eux, écartant sans aucune prudence le rideau. Il fut définitivement surpris par une flèche, le tranchant d'une hache et la morsure d'une épée, l'envoyant direct, tout étonné, à l'hôtel des trépassés.

La voie enfin libre, ils se dirigèrent vers le rideau à l'autre bout de la salle. Derrière, une nouvelle barricade fait de bric et de broc. Une fois dégagée, ils aboutirent dans une sorte de vaste rotonde (3) jonchée de cadavres des deux races ennemis. Mercia, devançant ses camarades, avisa la salle suivante qui comportait comme la précédente une pataugeoire en son centre mais dont l'ouverture opposée était fermée par une herse derrière laquelle conversaient, dans leur horrible sabir, deux gobelins.

Gobelin, Chaman
Woosy proposa alors à ces deux camarades de tenter de négocier avec les petites créatures des sous-sols, sur la base de "l'ennemi de mon ennemi peut, potentiellement, être mon ami". Après quelques palabres prudent , traduit par la prêtresse de Crom, avec les deux gardes, ils finirent par rencontrer le Chaman gobelin et le persuadèrent d'organiser une rencontre avec leur chef. Ils suivirent alors les créatures jusqu'à la pièce (16) qui était richement décoré (pour du gobelin) et dans laquelle "trônait", sur une chaise montée sur un coffre, un gobelin à l'œil étonnamment vif. Il s'agissait de Vritass, le chef de cette bande de créatures.

Woosy, à son habitude de diplomate futé mena les négociations, alternant habilement bonne foi et menaces bien placées.  La discussion avec le Chaman et le Chef alla bon train. Leur but était la conquête du "Palais du roi Orc" mais ils furent un peu trop curieux en ce qui concernait l'Anneaux des Empereurs et le halflin dut se montrer plus ferme. Il finit par leur soutirer les plans du lieu afin de concevoir une stratégie

Vritass, gobelin, Chef
 d'attaque commune. Finalement, un accord fut trouvé et les aventuriers furent conviés à un banquet de racines et de larves. Ils apprirent ainsi que Gormand, le chef orcs était devenu suspicieux à un niveau paranoïaque et s'était mis à occire nombre de ses sujets. S'en était suivit un certains désordre dont les gobelins avaient décidé de tirer profit. Les aventuriers pensèrent conjointement que la magie de l'Anneau des Empereurs pouvait être bien dangereuse en de mauvaises mains. Durant ce moment, Mercia fut la seule à se nourrir de ses rations et fort bien lui en prit car visiblement la nourriture gobeline n'était qu'à louer et les autres finirent par rendre leur repas.

L'endroit était sale, étroit et jonché de réfugiés, mères et enfants traînant misérablement dans la crasse du sol terreux. On s'attendait à tout moment à entendre "Donne l'argent, c'est pour bébé."

Le lendemain, le plan de bataille fut terminé. Les aventuriers attaqueraient le Worg mi-loup mi-caillou soutenu par une dizaine de gobelin pendant que la vingtaine d'autres menés par le Chef et sa Chaman se coltineraient Gormand et son magicien. Mercia s'équipa d'un tonneau d'huile qu'elle chargea sur son épaule après l'avoir réquisitionné car elle s'était dit que face à la bête, un peu de purification par le feu ne pouvait pas faire de mal. Plutôt d'accord avec leur camarade, Woosy et Dambruin coiffèrent leur pointe de flèche d'un lambeau de tissu trempé dans l'huile. Mercia et la Chaman lancèrent alors quelques sorts de protection sur les combattants, puis il partirent affronter leurs ennemis et leur destin.

Worg, vermine contondante
Arrivés à proximité de l'objectif (9), Mercia s'approcha silencieusement de la porte la séparant du Worg, comptant le surprendre. Elle prépara son tonneau pour un lancé  de précision. Elle ouvrit la porte brusquement... pour se retrouver nez à nez avec l'immonde créature qui avait clairement entendu du chahut derrière sa porte. La prêtresse eut juste le temps d'esquiver les mâchoires qui claquèrent pour littéralement écraser sur sa gueule le tonneau. Immédiatement le halflin et le nain tirèrent leur flèche préalablement allumées. La face de l'animal s'enflamma. Furieux et fou de douleur, il tenta de forcer le passage de la porte un peu trop étroite pour lui. Il se glissait férocement, tant bien que mal,  vers les causes de son ire mais, les aventuriers et les 10 gobelins étaient déjà sur lui l'embrochant de leur arme alors que le feu rongeait ses chairs. Bref, le petit saligaud creva rapidement libérant le passage à la troupe qui s'empressa de rejoindre les positions du deuxième commando.

Ils traversèrent la salle décorée de piques plantées de têtes (11) et continuèrent vers la

Gormand, orc, Chef

suivante (18) pour y découvrir Gormand protégé par 2 orcs de belles carrures. Mercia et les gobelins alentours se ruèrent alors sur le Chef orcs. Mais la prêtresse de Crom fut la plus rapide. Elle accomplit un saut périlleux par dessus les deux gardes du corps pour atterrir à côté de Gormand.

Mercia, impitoyable, écrasa sa masse d'arme sur l'orc pendant que les gobelins allaient à la curée, submergeant les deux gardes du corps qui se firent proprement massacrer. Gormand durement touché sous les coups rageux de disciple de Crom, implora alors pour sa vie, employant le langage gobelin pour se rendre. Mais la prêtresse, fidèle au enseignement de son dieu "Justice et Bataille", lui écrasa son crâne, d'un coup, sans le moindre regret, tout en lui répliquant dans la même langue "Je ne parle pas le gobelin !". Puis elle récupéra sur son doigt l'Anneau des Empereurs qu'elle confia à Woosy.

Orc, magicien
C'est alors que la seconde porte de la pièce explosa avec fracas sous les coups de boutoir de la deuxième moitié des forces alliées. Vitrass et son Chaman avaient récupéré sans trop de mal le sorcier orc que Gormand, paranoïaque as fuck avait enfermé dans les cachots.

La bataille ainsi terminée, les aventuriers prirent congé et rentrèrent auprès de la duchesse afin de lui remettre comme convenu l'objet de sa quête et de son désir.

Il jugèrent nécessaire de la mettre en garde contre les pouvoirs de l'anneau laissant à sa sagacité la façon de l'utiliser au mieux.

Qu'advint-il ensuite ?

Ça s'est une autre histoire qui reste à écrire.


Gobelins, guerriers


samedi 8 mai 2021

Warlock / Warhammer - La Tour Girouette

Bonjour ami, lecteur fidèle et de bon goût. Me voici de retour après une courte absence pour reprendre le récit de mes aventures. J'espère que l'épisode précédent, raconté de manière erratique et conflictuelle par Wilhelm et Hademar, ne vous a pas trop dérouté et que vous voici, toujours, au rendez-vous.

Par précaution, je vous adresse toutes mes excuses si la lecture vous en a été pénible.

Mais reprenons sans attendre. Mes collègues et moi-même étions arrivés à Elssen,  dernier village avant la Tour Girouette, dans laquelle nous soupçonnions d'y trouver le meurtrier, ou la meurtrière, de Tylo Vielfrass, fieffé coquin qui, sous des dehors affables et  aimables, pactisait avec la lie des entités démoniaques.

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Nous faisions face à un lac gelé au centre duquel trônait la tour cylindrique de 300 mètres de haut, terminée par une sorte d'observatoire. À son pied nous repérâmes des reliefs de construction. Mais la fin de journée arrivant, nous décidâmes de coucher sur place plutôt que de se risquer sur la glace de nuit. Nous nous adressâmes à une ribaude locale qui nous proposa son écurie. N'attendant guère plus au pays des pécores, nous nous résolûmes à passer la nuit dans le foin. Hademar prit néanmoins le temps de glaner quelques informations auprès de notre hôte.

 

 

La Tour Girouette était occupée par une succession de magiciens, chargés de la garder à tour de rôle. Le dernier n'était là que depuis trois mois. Dans le village au pied de la Tour résidaient les domestiques des thaumaturges d'astreinte.

Le lendemain, c'était parti pour une marche de 500 mètres sur de la glace d'une épaisseur plus qu'impressionnante et nous étions heureux de porter les tenues de montagne achetées précédemment. À mesure que nous approchions, nous pûmes nous rendre compte que la tour était faite d'un métal dépoli. Plus inquiétant, nous finîmes par remarquer que des tâches rouges ou vertes égayaient le sol aux alentours. Elles étaient accompagnées de corps de gobelins ou d'orques dans un sale état. Certains étaient écrasés dans des positions étranges et malsaines au centre d'un impact circulaire, d'autres avaient les yeux arrachés ou la langue gonflée sortant de leur bouche déformée comme dans un dernier rictus moqueur.

À notre grande surprise, la porte de la Tour baillait, alors qu'un vent glacial en sortait en produisant un hululement inquiétant. Hademar et son jeune domestique rebelle décidèrent d'aller inspecter les habitations autour de nous tandis que Siegfried et votre chroniqueur nous dirigions vers la porte de la Tour.

Dans les maisonnettes aux portes défoncées, le noble et son estafette indisciplinée trouvèrent un couple de soixantenaires en morceaux, sans indice supplémentaire quant à l'explication de tout ce massacre.

Feu Siegfried
"la Hallebarde"

Le patrouilleur rural et moi-même pénétrâmes dans une pièce vide. Au centre, un escalier en colimaçon, assez large, avec un garde-corps descendait dans les tréfonds tandis qu'un autre escalier plus étroit, muni également d'une rambarde, montait le long des murs de la bâtisse. En pierres blanches d'une matière inconnue, il s'arrêtait régulièrement en paliers tout au long des 300 mètres de grimpette. Les paliers étaient agencés de manière astucieuse, s'imbriquant visuellement lorsqu'on regardait le plafond, ne permettant que difficilement, et au prix de contorsions ayant mis à mal mes vertèbres, d'apercevoir notre objectif sommital.

Les parois de la Tour étaient visiblement en plomb et entièrement couvert de graffitis que je reconnus comme du Haut-Elfe.

Après avoir récupéré une lampe chez les domestiques en puzzle, Hademar décida de nous amener tout d'abord dans les profondeurs. Siegfried se rappelant soudainement sa réputation d'aventurier intrépide, prit la tête de l'expédition. 30 mètres plus bas nous nous retrouvions au croisement de deux couloirs dans lesquels s'ouvraient régulièrement des cellules monacales aux épaisses portes de bois, munies de fenestrons grillagés. Toutes les portes étaient ouvertes sauf une. Nous nous approchâmes et, par l'ouverture nous découvrîmes un colosse allongé sur sa couche.

Hademar le héla et immédiatement il bondit de son lit. "Vous êtes là pour moi !" nous invectiva-t-il aussitôt. Un bref échange nous apprit qu'il se nommait Kastor Lieberung et qu'il avait été enlevé dans le village de Trasburg par une horde de brigands. Il s'était réveillé dans cette geôle. Il nous demanda de le libérer alors que je repérais plus loin dans le couloir un logement où pendaient les clefs des cellules et un petit fouet. Je le signalai discrètement au noble pendant qu'il se disputait, pour la énième fois avec son serviteur. Ce dernier avait décidé, d'un commun accord avec lui-même de libérer sans attendre l'individu, tout en lui confiant en détail notre mission. Ayant réussi à faire taire son pupille décérébré, Hademar expliqua au prisonnier que nous devions faire affaire avec le sorcier local et qu'il serait ballot pour nous de se le mettre en travers. Suivant notre entrevue, nous intercéderions en sa faveur et ferions notre possible pour le libérer. Après tout, nous ne savions rien sur lui et comme le noble, je ne faisais qu'à moitié confiance au colosse à queue plate. Cependant Kastor enfilait déjà ses riches habits, convaincu d'une sortie prochaine.

Nous remontâmes et, Hademar en tête, entamâmes la longue escalade des 1 666 marches qui nous amèneraient au pinacle de l'édifice. Estimant à 45 minutes environ notre pérégrination, nous commençâmes sans attendre.

1er Balcon


Le sol était saturé de gravures de ronces entremêlées. Une rune en occupait le centre. Je m'approchais pour reconnaître de symbole de Ghur, une composition faite d'images de têtes d'animaux traversée par une flèche. Ne voyant rien de plus d'intéressant, nous poursuivîmes notre ascension.

2ième Balcon

Le sol était entièrement gravé de toiles d'araignée se réunissant au centre et se soulevant dans une sorte d'explosion filaire, formant un piédestal pour la rune de Ulgu. Alors que je m'étais approché, étant reconnu d'emblée par mes partenaires comme spécialiste de magie, pour observer précisément le symbole, un flash m'aveugla brièvement, me laissant des images hypnagogiques sur la rétine. Des sorts étaient à l’œuvre. Mes compagnons reprirent la montée sans attendre, mené cette fois par la Hallebarde, se souvenant derechef de son caractère de tête brûlée.

3ème Balcon

Une rose sculptée au centre dont l'une des épines était une flèche. En son calice, le symbole de Shyish. Tout à coup, Siegfried s'assit dans la spirale des vrilles roncières gravées au sol, trouvant l'endroit étrangement accueillant et confortable ! Puis il finit par se remettre debout et reprendre la route. Une chance que ce faible d'esprit n'ait pas entièrement succombé au sortilège qui imprégnait les lieux.

4ième Balcon

Décor champêtre, avec un arbre miniature en pierre au milieu. Il portait la rune de Ghyran.

Il me parut clair que nous allions rencontrer ainsi tous les symboles des 8 vents de la magie. Le dernier étant dans la pièce au sommet et tutélaire du lieu. De même chaque flèche accompagnant les runes formerait au final le symbole du chaos.

Petit aparté pour le néophyte. Un magicien humain classique s'initie pleinement  à un seul vent de la magie qu'il espère maîtriser durant le temps de son existence. Seul les Hauts-Elfes, dit-on, pouvaient espérer les maîtriser tous.

5ième balcon

Un centaine d'anneaux concentriques enflammés décoraient le sol. Au centre la rune d'Aqshy entourée d'un cercle de rubis sombres. Je fus à nouveau assailli d'un flash mental. Un bouillonnement de colère contre Wilhelm s'empara de moi et sans ma volonté inébranlable, il fut à deux doigts de prendre la taloche qu'il méritait depuis longtemps ! L'effet se dissipant, je pus voir, caché aux yeux des non-pratiquants des arts mystiques, un athanor inusité depuis fort longtemps.

6ème Balcon

Le sol était entièrement couvert de cercles concentriques, de plus en plus fin, dévoilant à nouveau une maîtrise artistique et technique sans commune mesure. Au centre du dernier, la rune de Chamon.

7ème Balcon

Un palier entièrement immaculé. À mesure que je m'approchai du centre, mes collègues me signalèrent que mon ombre disparaissait. Je m'arrêtai pour constater le phénomène puis repris ma marche pour admirer la rune d'Isch.

Nous poursuivîmes. Mais alors qu'Hademar quittait en dernier le palier, il nous signala que la précédente pièce avait sombré dans le noir et qu'il avait entendu des bruits de pas. Je lui signalai alors qu'il devait s'agir du bruit de nos pas décalés dans le temps par un effet magique. Les magiciens sont, en quelque sorte, de fameux rigolards et aiment bien les farces. En y réfléchissant, il réalisa qu'il s'agissait bel et bien de notre propre marche qui lui était revenue dans les esgourdes. L'ignorant est saisi par bien peu !


Nous arrivâmes enfin sous la trappe qui nous conduirait dans la pièce au sommet de la Tour Girouette. Je savais d'ores et déjà que nous y trouverions la rune d'Azir. Suivant notre intrépide patrouilleur rural, nous débouchâmes sur une immense pièce recouverte d'un dôme de cristal, radiant une douce lumière et dont certaines parties étaient ouvertes à la manière de fenêtres. En plusieurs endroits la rune d'Azir était gravée comme je m'y étais attendu. Des télescopes accompagnés chacun d'un bureau, et d'un tableau à craies, encombraient le lieu, attestant un observatoire astronomique. A l'une des fenêtres, un treuil apparaissait, le filin battant aux vents. Deux coffres longs comme deux hommes occupaient un côté. Mais qu'elle ne fut pas ma surprise teintée de désarroi lorsque je reconnus l'énorme structure argentée qui trônait au milieu de l'endroit, portant huit lentilles de tailles sans cesse décroissantes du centre de l'objet vers l'extérieur.

Un luminarque d'Azir !

Mais cela ne se pouvait ! Le seul et unique exemplaire se trouvait dans la Chambre Inaccessible dans la Crypte Légendaire sous le collège de Lumière. Autant dire le truc inaccessible quoi !

Sur le tableau posé au sol à ses côtés je trouvai une note : "Pourquoi cela a-t-il raté sa cible ?"

M'approchant, je ne pus que me rendre à l'évidence. Construit de bric et de broc, avec des pièces de différents âges, il était bien ce qu'il paraissait. Un engin bricolé, capable de concentrer le vent d'Azir dans des proportions cataclysmiques, destiné à détruire toute entité démoniaque. Et visiblement il avait servi ! Siegfried remarqua que le bord des lentilles était bruni par une intense chaleur. Mais ce qui me confondit en étonnement c'était qu'outre les classiques runes d'Azir qui y étaient gravées, les runes des autres vents y figuraient aussi, dissimulées. C'était... interdit, impie et blasphématoire. Y en a qui jouaient aux cons ! Passé ma stupéfaction, je remarquai qu'il manquait une pièce au point focal de l'engin.

Alors que Wilhelm et la Hallebarde fouillaient la pièce, espérant quelques sordides

récompenses, définitivement hermétiques au trésor érigé sous leurs yeux, ils perçurent une voix de femme émergeant d'un coffre. Pas inquiet pour deux sous dans cette antre de la magie, plus ou moins officielle, ils l'ouvrirent sans coup férir et en sortit une vieillasse dont les habits me crièrent aux visage qu'il s'agissait d'une consœur. Ma méfiance redoubla. Cependant elle semblait affamée et desséchée - autrement que par son âge. Nous l'invitâmes à s'asseoir, je lui tendis une gourde et Hademar l'encouragea à se confier. Elle nous expliqua que son disciple, un certain Carolus Enschlafen, l'avait enfermée et s'était servi du Luminarque. Mais il semble que sa cible n'était absolument pas le sieur Vielfrass et que le rayon avait été probablement dévié par l'aura démonique du Lieutenant félon.

Sur un bureau proche je repérai des écrits du traître. Ils établissaient sans doute possible une croyance dans les thèses du précédent Patriarche Suprême des collèges de la magie et qui s'était fait lourder pour ses enseignements hétérodoxes.

Soudain, un homme popa à côté du Luminarque, s'empara d'une pièce et sauta par la fenêtre sans que nous ayons le temps de réagir. Hormis Siegfried qui n'arriva cependant pas à stopper l'individu.

Nous fonçâmes à la fenêtre la plus proche, alors que la vieille nous criait : "C'est lui ! Arrêtez-le à tout prix !", pour le voir s'éloigner en planant. Zut, un sort de plume. L’infâme s'enfuyait tandis que le Luminarque commençait à vibrer graduellement.

"Je m'occupe de l'engin ! Stoppez-le !" nous invectiva l'octogénaire soudain pleine d'énergie. Avisant le treuil, j'enjoignis mes compatriotes à sauter sur la chaîne pendant que je les descendrai avec célérité mais maîtrise. Hademar agit sans attendre, rejoint par Wilhem et Siegfried plus réticents. Je relâchai le frein et calculant rapidement et approximativement leur chute libre les arrêtai... 20m trop tôt. J'entendis vaguement grognements et jurons et me rendant compte de ma petite erreur de calcul, libérai à nouveau le frein. Ils finirent par s'écraser au sol sans trop de dégâts.

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Messire Henry James, cher ami,

J’ai été fort surpris de votre demande pressante à vous conter le terrible fiasco qui nous frappa, au pied de cette tour maudite, sur ce lac meurtrier. Je suppose que votre demande est animée par un esprit scientifique qui vous pousse à connaître les faits comme les choses, et non point par un désir morbide de vous repaître des cruelles avanies qui surviennent à vos contemporains.

Aussi je vous livre mon récit, aussi objectif que possible, même s’il n’est plus aucun témoin vivant qui pourrait infirmer ou confirmer mes écrits.

Rappelez-vous lorsque vous nous fîtes descendre, suspendus à cette chaîne, jusqu’au pied de la tour Girouette, à la poursuite du sinistre thaumaturge. Cette descente fut pour le moins heurtée – ce que je ne vous reproche point, l’urgence et la hauteur n’ont certainement pas rendu l’affaire aisée pour vous, et j’avais pris la précaution de bien m’arrimer à la chaîne, ce que ne firent pas mes compagnons, par bêtise ou révolte contre son maître pour Wilhelm, et sans doute à cause de l’encombrante hallebarde pour Siegfried. De vous à moi, je n’ai jamais compris l’intérêt de se spécialiser dans une arme aussi incommode. Peut-être un intérêt dissuasif qui permet de couper court à toute protestation du fait de sa présence ?

Arrivés sur la glace, je me séparai d’une potion aux pouvoirs guérisseurs afin que mon jeune valet se remette de sa légère chute due à l’atterrissage. De son côté, malgré mes conseils, le sieur Siegfried refusa de se soigner, par pingrerie, ou bien parce qu’il avait perdu sa propre potion au fond de son havresac. Nous prîmes l’allure de la course pour tenter de rattraper le sorcier qui avait achevé son vol plané à quelques dizaines de toises de là. L’infâme magicien dévoyé entreprit de tracer sur la glace un grand cercle. Nous fûmes, mes compagnons et moi-même, submergés de la certitude qu’il fallait l’empêcher d’achever sa tâche. Il n’est point besoin d’être un expert des arts sorciers, comme vous, pour sentir qu’il se tramait un évènement thaumaturgique imminent et désagréable.

Malgré tous nos efforts, le mage chaotique acheva son cercle au sol et commença à psalmodier un chant étrange, dans une langue inconnue de moi. Il avait l’œil fou, le visage déformé par la haine. Nous décidâmes sans nous concerter d’entrer dans le cercle magique pour lui faire ravaler ses paroles magiques. Hélas, le cuistre érigea autour de sa personne une sorte de halo doré, barrière de protection, comme je pus le constater pendant l’échauffourée qui nous opposa.

Nos coups portaient, mais ne semblaient pas entamer son cuir, protégé qu’il était par son armure magique. Cependant, grâce à nos capacités martiales, nous fûmes à même d’entamer sa couenne, peu à peu. Cela semblait le rendre encore plus fol qu’il ne l’était, car il riait, ricanait, utilisant même sa magie pour nous harceler de traits glacés qui sortaient de ses mains. Siegfried, qui avait eu le malheur de paraître la menace la plus forte de notre trio, succomba aux coups magiques du sorcier détestable et s’effondra sur le sol glacé.

Mais justice triomphe toujours – ou au moins, le plus souvent- et nous sentions que la mauvaise vie de notre adversaire touchait à sa fin ! Il se mit à rire tel un démon sorti des enfers, pointant le ciel d’un doigt, tenant ses blessures béantes de l’autre main.

Comment pourrais-je décrire ce qui arriva alors ? Levant les yeux, je restai tout d’abord incrédule au spectacle effrayant qui s’offrit à moi. Un roc, de la taille du cercle tracé au sol se précipitait des cieux sur nous ! Et nous étions au centre de la cible ! Le thaumaturge, chaotique jusqu’au bout, se sacrifiait pour nous emporter avec lui dans la mort !

Wilhem laissa parler ses pulsions viscérales et s’évertua à quitter la zone d’impact. Même si je songeai un court instant à sauver Siegfried, je fuis également tel un lapin, uniquement préoccupé dès lors par la préservation de mon existence !

La fureur de vivre soutint mes jambes et je réussis à m’éloigner suffisamment du chaos proche. Mon larb… mon jeune apprenti n’eut hélas pas ma chance, glissant, tombant et se relevant, il se retrouva trop près lorsque le rocher céleste fracassa la glace, écrasant indistinctement thaumaturge et hallebardier qui n‘avaient pu fuir.

Feu Wilhem Strasse
Suite à la déflagration épouvantable de la roche brisant la glace, le jeune Wilhem fut pris dans un maelstrom de glace et de roche mêlés, tentant de nager au sein de ce cataclysme, aspiré par le bouillon des eaux glacées, repoussé loin de la rive par les blocs de glace émergeants, retombants, se fracassants, empêché de respirer par les flots frappant son visage et s’infiltrant dans sa bouche béante. Impuissant, je cherchai sur la rive de quoi sauver le jeune homme. Sidéré, étourdi par le vacarme des blocs de glace s’entrechoquant, sans doute choqué d’avoir échappé à ce tumulte mortel, je ne trouvai rien qui put aider Wilhem. Il finit par glisser lentement sous les eaux, épuisé et vaincu par les éléments.

Vous savez le reste, cher ami. Je suis triste pour nos compagnons, et heureux en même temps d’avoir survécu à cette confrontation face à un thaumaturge. J’espère que les informations que nous avons pu glaner au cours de cette périlleuse aventure permettront de mettre un coup d’arrêt aux actions de ces sorciers dévoyés !

En espérant ne point vous avoir ennuyé avec mon récit,

Au plaisir de vous revoir bientôt, si possible en des circonstances moins dangereuses,

Hademar Raupach Von Mayenburg

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La vieille, les mains sur la machine, m'enjoignit de façon véhémente à me tirer dare-dare. Je pris l'escalier et entamai la redescente à toute vitesse mais néanmoins marche après marche. Un accident bête étant si vite arrivé.

J'entendis soudain comme un énorme impact au loin, et la Tour vibra un peu.

Au terme de cet effort titanesque et extrêmement long, j'ouvris la porte afin de prêter aide et sagacité à mes collègues, sûrement perdus sans moi.

Je me retrouvai avec effroi devant une lac qui se barrait en quenouille. D'énormes blocs de taille colossale jouaient à saute-mouton, s'érigeant presque à la verticale avant de retomber dans un sens ou dans un autre dans une vision de fin du monde.

Je refermai immédiatement la porte !

Un éclair lumineux venant du sommet du bâtiment m'aveugla soudain. Des phosphènes encore dans les yeux, maudissant les constructions Hauts-Elfes et leur égotisme vertical, je remontai quatre à quatre l'escalier.

Enfin arrivé au sommet, la pièce se révéla entièrement vide, seuls quelques papiers dont je m'emparai jonchaient encore le sol. Plus de Luminarque, les tableaux effacés à la hâte... La vieille salope était de mèche et elle avait réussi à nous embobiner ! Sans la présence de ce petit rabouin indiscipliné et bruyant accompagnant sa noblesse, j'aurai sûrement flairé le coup !

Je profitai d'un télescope pour faire un point sur l'état de mes collègues. Je repérai Hademar sur la berge, il semblait essoufflé et indécis. Suivant la direction de son regard, parmi les blocs de glace qui calmaient leur danse, je vis le corps de Wilhelm dériver lentement avant de s'enfoncer dans les flots glacés. Voilà à quoi ça conduit l'imbécilité hyper-active. Quant à la Hallebarde, pas une trace.

Je redescendis tranquillement et pour la dernière fois l'escalier sans fin puis, toujours attentif aux détails, rejoignis les geôles où je délivrai Kastor. Nous remontâmes, sortîmes et rejoignîmes Hademar au village, par une voie sûre.

Puis nous rentrâmes tout trois à Ubersreik tout en mettant au point notre rapport. Laissant un Kastor reconnaissant nous promettant une part de la fortune dont il devait prochainement hériter, nous allâmes rendre compte à Emmanuelle Nacht. Indiquant que j'avais d'importantes informations à remettre à un magicien compétent pour cause de complexités insurmontables pour les autres faibles d'esprit, elle m'arrangea une entrevue avec le magicien officiel. La chance me souriait. Non seulement j'allais potentiellement recevoir une accréditation mais possiblement une formation auprès d'un professionnel.

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Voilà qui clos le premier livret de mes aventures ami, lecteur fidèle et de bon goût. Pour la suite, elle est liée à mon éditeur et au succès du présent ouvrage. Alors ami, lecteur fidèle et de bon goût n'hésite pas à acheter, à offrir et faire connaître les incroyables et époustouflantes épopées de votre serviteur.

Signé : Henry James