samedi 8 mai 2021

Warlock / Warhammer - La Tour Girouette

Bonjour ami, lecteur fidèle et de bon goût. Me voici de retour après une courte absence pour reprendre le récit de mes aventures. J'espère que l'épisode précédent, raconté de manière erratique et conflictuelle par Wilhelm et Hademar, ne vous a pas trop dérouté et que vous voici, toujours, au rendez-vous.

Par précaution, je vous adresse toutes mes excuses si la lecture vous en a été pénible.

Mais reprenons sans attendre. Mes collègues et moi-même étions arrivés à Elssen,  dernier village avant la Tour Girouette, dans laquelle nous soupçonnions d'y trouver le meurtrier, ou la meurtrière, de Tylo Vielfrass, fieffé coquin qui, sous des dehors affables et  aimables, pactisait avec la lie des entités démoniaques.

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Nous faisions face à un lac gelé au centre duquel trônait la tour cylindrique de 300 mètres de haut, terminée par une sorte d'observatoire. À son pied nous repérâmes des reliefs de construction. Mais la fin de journée arrivant, nous décidâmes de coucher sur place plutôt que de se risquer sur la glace de nuit. Nous nous adressâmes à une ribaude locale qui nous proposa son écurie. N'attendant guère plus au pays des pécores, nous nous résolûmes à passer la nuit dans le foin. Hademar prit néanmoins le temps de glaner quelques informations auprès de notre hôte.

 

 

La Tour Girouette était occupée par une succession de magiciens, chargés de la garder à tour de rôle. Le dernier n'était là que depuis trois mois. Dans le village au pied de la Tour résidaient les domestiques des thaumaturges d'astreinte.

Le lendemain, c'était parti pour une marche de 500 mètres sur de la glace d'une épaisseur plus qu'impressionnante et nous étions heureux de porter les tenues de montagne achetées précédemment. À mesure que nous approchions, nous pûmes nous rendre compte que la tour était faite d'un métal dépoli. Plus inquiétant, nous finîmes par remarquer que des tâches rouges ou vertes égayaient le sol aux alentours. Elles étaient accompagnées de corps de gobelins ou d'orques dans un sale état. Certains étaient écrasés dans des positions étranges et malsaines au centre d'un impact circulaire, d'autres avaient les yeux arrachés ou la langue gonflée sortant de leur bouche déformée comme dans un dernier rictus moqueur.

À notre grande surprise, la porte de la Tour baillait, alors qu'un vent glacial en sortait en produisant un hululement inquiétant. Hademar et son jeune domestique rebelle décidèrent d'aller inspecter les habitations autour de nous tandis que Siegfried et votre chroniqueur nous dirigions vers la porte de la Tour.

Dans les maisonnettes aux portes défoncées, le noble et son estafette indisciplinée trouvèrent un couple de soixantenaires en morceaux, sans indice supplémentaire quant à l'explication de tout ce massacre.

Feu Siegfried
"la Hallebarde"

Le patrouilleur rural et moi-même pénétrâmes dans une pièce vide. Au centre, un escalier en colimaçon, assez large, avec un garde-corps descendait dans les tréfonds tandis qu'un autre escalier plus étroit, muni également d'une rambarde, montait le long des murs de la bâtisse. En pierres blanches d'une matière inconnue, il s'arrêtait régulièrement en paliers tout au long des 300 mètres de grimpette. Les paliers étaient agencés de manière astucieuse, s'imbriquant visuellement lorsqu'on regardait le plafond, ne permettant que difficilement, et au prix de contorsions ayant mis à mal mes vertèbres, d'apercevoir notre objectif sommital.

Les parois de la Tour étaient visiblement en plomb et entièrement couvert de graffitis que je reconnus comme du Haut-Elfe.

Après avoir récupéré une lampe chez les domestiques en puzzle, Hademar décida de nous amener tout d'abord dans les profondeurs. Siegfried se rappelant soudainement sa réputation d'aventurier intrépide, prit la tête de l'expédition. 30 mètres plus bas nous nous retrouvions au croisement de deux couloirs dans lesquels s'ouvraient régulièrement des cellules monacales aux épaisses portes de bois, munies de fenestrons grillagés. Toutes les portes étaient ouvertes sauf une. Nous nous approchâmes et, par l'ouverture nous découvrîmes un colosse allongé sur sa couche.

Hademar le héla et immédiatement il bondit de son lit. "Vous êtes là pour moi !" nous invectiva-t-il aussitôt. Un bref échange nous apprit qu'il se nommait Kastor Lieberung et qu'il avait été enlevé dans le village de Trasburg par une horde de brigands. Il s'était réveillé dans cette geôle. Il nous demanda de le libérer alors que je repérais plus loin dans le couloir un logement où pendaient les clefs des cellules et un petit fouet. Je le signalai discrètement au noble pendant qu'il se disputait, pour la énième fois avec son serviteur. Ce dernier avait décidé, d'un commun accord avec lui-même de libérer sans attendre l'individu, tout en lui confiant en détail notre mission. Ayant réussi à faire taire son pupille décérébré, Hademar expliqua au prisonnier que nous devions faire affaire avec le sorcier local et qu'il serait ballot pour nous de se le mettre en travers. Suivant notre entrevue, nous intercéderions en sa faveur et ferions notre possible pour le libérer. Après tout, nous ne savions rien sur lui et comme le noble, je ne faisais qu'à moitié confiance au colosse à queue plate. Cependant Kastor enfilait déjà ses riches habits, convaincu d'une sortie prochaine.

Nous remontâmes et, Hademar en tête, entamâmes la longue escalade des 1 666 marches qui nous amèneraient au pinacle de l'édifice. Estimant à 45 minutes environ notre pérégrination, nous commençâmes sans attendre.

1er Balcon


Le sol était saturé de gravures de ronces entremêlées. Une rune en occupait le centre. Je m'approchais pour reconnaître de symbole de Ghur, une composition faite d'images de têtes d'animaux traversée par une flèche. Ne voyant rien de plus d'intéressant, nous poursuivîmes notre ascension.

2ième Balcon

Le sol était entièrement gravé de toiles d'araignée se réunissant au centre et se soulevant dans une sorte d'explosion filaire, formant un piédestal pour la rune de Ulgu. Alors que je m'étais approché, étant reconnu d'emblée par mes partenaires comme spécialiste de magie, pour observer précisément le symbole, un flash m'aveugla brièvement, me laissant des images hypnagogiques sur la rétine. Des sorts étaient à l’œuvre. Mes compagnons reprirent la montée sans attendre, mené cette fois par la Hallebarde, se souvenant derechef de son caractère de tête brûlée.

3ème Balcon

Une rose sculptée au centre dont l'une des épines était une flèche. En son calice, le symbole de Shyish. Tout à coup, Siegfried s'assit dans la spirale des vrilles roncières gravées au sol, trouvant l'endroit étrangement accueillant et confortable ! Puis il finit par se remettre debout et reprendre la route. Une chance que ce faible d'esprit n'ait pas entièrement succombé au sortilège qui imprégnait les lieux.

4ième Balcon

Décor champêtre, avec un arbre miniature en pierre au milieu. Il portait la rune de Ghyran.

Il me parut clair que nous allions rencontrer ainsi tous les symboles des 8 vents de la magie. Le dernier étant dans la pièce au sommet et tutélaire du lieu. De même chaque flèche accompagnant les runes formerait au final le symbole du chaos.

Petit aparté pour le néophyte. Un magicien humain classique s'initie pleinement  à un seul vent de la magie qu'il espère maîtriser durant le temps de son existence. Seul les Hauts-Elfes, dit-on, pouvaient espérer les maîtriser tous.

5ième balcon

Un centaine d'anneaux concentriques enflammés décoraient le sol. Au centre la rune d'Aqshy entourée d'un cercle de rubis sombres. Je fus à nouveau assailli d'un flash mental. Un bouillonnement de colère contre Wilhelm s'empara de moi et sans ma volonté inébranlable, il fut à deux doigts de prendre la taloche qu'il méritait depuis longtemps ! L'effet se dissipant, je pus voir, caché aux yeux des non-pratiquants des arts mystiques, un athanor inusité depuis fort longtemps.

6ème Balcon

Le sol était entièrement couvert de cercles concentriques, de plus en plus fin, dévoilant à nouveau une maîtrise artistique et technique sans commune mesure. Au centre du dernier, la rune de Chamon.

7ème Balcon

Un palier entièrement immaculé. À mesure que je m'approchai du centre, mes collègues me signalèrent que mon ombre disparaissait. Je m'arrêtai pour constater le phénomène puis repris ma marche pour admirer la rune d'Isch.

Nous poursuivîmes. Mais alors qu'Hademar quittait en dernier le palier, il nous signala que la précédente pièce avait sombré dans le noir et qu'il avait entendu des bruits de pas. Je lui signalai alors qu'il devait s'agir du bruit de nos pas décalés dans le temps par un effet magique. Les magiciens sont, en quelque sorte, de fameux rigolards et aiment bien les farces. En y réfléchissant, il réalisa qu'il s'agissait bel et bien de notre propre marche qui lui était revenue dans les esgourdes. L'ignorant est saisi par bien peu !


Nous arrivâmes enfin sous la trappe qui nous conduirait dans la pièce au sommet de la Tour Girouette. Je savais d'ores et déjà que nous y trouverions la rune d'Azir. Suivant notre intrépide patrouilleur rural, nous débouchâmes sur une immense pièce recouverte d'un dôme de cristal, radiant une douce lumière et dont certaines parties étaient ouvertes à la manière de fenêtres. En plusieurs endroits la rune d'Azir était gravée comme je m'y étais attendu. Des télescopes accompagnés chacun d'un bureau, et d'un tableau à craies, encombraient le lieu, attestant un observatoire astronomique. A l'une des fenêtres, un treuil apparaissait, le filin battant aux vents. Deux coffres longs comme deux hommes occupaient un côté. Mais qu'elle ne fut pas ma surprise teintée de désarroi lorsque je reconnus l'énorme structure argentée qui trônait au milieu de l'endroit, portant huit lentilles de tailles sans cesse décroissantes du centre de l'objet vers l'extérieur.

Un luminarque d'Azir !

Mais cela ne se pouvait ! Le seul et unique exemplaire se trouvait dans la Chambre Inaccessible dans la Crypte Légendaire sous le collège de Lumière. Autant dire le truc inaccessible quoi !

Sur le tableau posé au sol à ses côtés je trouvai une note : "Pourquoi cela a-t-il raté sa cible ?"

M'approchant, je ne pus que me rendre à l'évidence. Construit de bric et de broc, avec des pièces de différents âges, il était bien ce qu'il paraissait. Un engin bricolé, capable de concentrer le vent d'Azir dans des proportions cataclysmiques, destiné à détruire toute entité démoniaque. Et visiblement il avait servi ! Siegfried remarqua que le bord des lentilles était bruni par une intense chaleur. Mais ce qui me confondit en étonnement c'était qu'outre les classiques runes d'Azir qui y étaient gravées, les runes des autres vents y figuraient aussi, dissimulées. C'était... interdit, impie et blasphématoire. Y en a qui jouaient aux cons ! Passé ma stupéfaction, je remarquai qu'il manquait une pièce au point focal de l'engin.

Alors que Wilhelm et la Hallebarde fouillaient la pièce, espérant quelques sordides

récompenses, définitivement hermétiques au trésor érigé sous leurs yeux, ils perçurent une voix de femme émergeant d'un coffre. Pas inquiet pour deux sous dans cette antre de la magie, plus ou moins officielle, ils l'ouvrirent sans coup férir et en sortit une vieillasse dont les habits me crièrent aux visage qu'il s'agissait d'une consœur. Ma méfiance redoubla. Cependant elle semblait affamée et desséchée - autrement que par son âge. Nous l'invitâmes à s'asseoir, je lui tendis une gourde et Hademar l'encouragea à se confier. Elle nous expliqua que son disciple, un certain Carolus Enschlafen, l'avait enfermée et s'était servi du Luminarque. Mais il semble que sa cible n'était absolument pas le sieur Vielfrass et que le rayon avait été probablement dévié par l'aura démonique du Lieutenant félon.

Sur un bureau proche je repérai des écrits du traître. Ils établissaient sans doute possible une croyance dans les thèses du précédent Patriarche Suprême des collèges de la magie et qui s'était fait lourder pour ses enseignements hétérodoxes.

Soudain, un homme popa à côté du Luminarque, s'empara d'une pièce et sauta par la fenêtre sans que nous ayons le temps de réagir. Hormis Siegfried qui n'arriva cependant pas à stopper l'individu.

Nous fonçâmes à la fenêtre la plus proche, alors que la vieille nous criait : "C'est lui ! Arrêtez-le à tout prix !", pour le voir s'éloigner en planant. Zut, un sort de plume. L’infâme s'enfuyait tandis que le Luminarque commençait à vibrer graduellement.

"Je m'occupe de l'engin ! Stoppez-le !" nous invectiva l'octogénaire soudain pleine d'énergie. Avisant le treuil, j'enjoignis mes compatriotes à sauter sur la chaîne pendant que je les descendrai avec célérité mais maîtrise. Hademar agit sans attendre, rejoint par Wilhem et Siegfried plus réticents. Je relâchai le frein et calculant rapidement et approximativement leur chute libre les arrêtai... 20m trop tôt. J'entendis vaguement grognements et jurons et me rendant compte de ma petite erreur de calcul, libérai à nouveau le frein. Ils finirent par s'écraser au sol sans trop de dégâts.

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Messire Henry James, cher ami,

J’ai été fort surpris de votre demande pressante à vous conter le terrible fiasco qui nous frappa, au pied de cette tour maudite, sur ce lac meurtrier. Je suppose que votre demande est animée par un esprit scientifique qui vous pousse à connaître les faits comme les choses, et non point par un désir morbide de vous repaître des cruelles avanies qui surviennent à vos contemporains.

Aussi je vous livre mon récit, aussi objectif que possible, même s’il n’est plus aucun témoin vivant qui pourrait infirmer ou confirmer mes écrits.

Rappelez-vous lorsque vous nous fîtes descendre, suspendus à cette chaîne, jusqu’au pied de la tour Girouette, à la poursuite du sinistre thaumaturge. Cette descente fut pour le moins heurtée – ce que je ne vous reproche point, l’urgence et la hauteur n’ont certainement pas rendu l’affaire aisée pour vous, et j’avais pris la précaution de bien m’arrimer à la chaîne, ce que ne firent pas mes compagnons, par bêtise ou révolte contre son maître pour Wilhelm, et sans doute à cause de l’encombrante hallebarde pour Siegfried. De vous à moi, je n’ai jamais compris l’intérêt de se spécialiser dans une arme aussi incommode. Peut-être un intérêt dissuasif qui permet de couper court à toute protestation du fait de sa présence ?

Arrivés sur la glace, je me séparai d’une potion aux pouvoirs guérisseurs afin que mon jeune valet se remette de sa légère chute due à l’atterrissage. De son côté, malgré mes conseils, le sieur Siegfried refusa de se soigner, par pingrerie, ou bien parce qu’il avait perdu sa propre potion au fond de son havresac. Nous prîmes l’allure de la course pour tenter de rattraper le sorcier qui avait achevé son vol plané à quelques dizaines de toises de là. L’infâme magicien dévoyé entreprit de tracer sur la glace un grand cercle. Nous fûmes, mes compagnons et moi-même, submergés de la certitude qu’il fallait l’empêcher d’achever sa tâche. Il n’est point besoin d’être un expert des arts sorciers, comme vous, pour sentir qu’il se tramait un évènement thaumaturgique imminent et désagréable.

Malgré tous nos efforts, le mage chaotique acheva son cercle au sol et commença à psalmodier un chant étrange, dans une langue inconnue de moi. Il avait l’œil fou, le visage déformé par la haine. Nous décidâmes sans nous concerter d’entrer dans le cercle magique pour lui faire ravaler ses paroles magiques. Hélas, le cuistre érigea autour de sa personne une sorte de halo doré, barrière de protection, comme je pus le constater pendant l’échauffourée qui nous opposa.

Nos coups portaient, mais ne semblaient pas entamer son cuir, protégé qu’il était par son armure magique. Cependant, grâce à nos capacités martiales, nous fûmes à même d’entamer sa couenne, peu à peu. Cela semblait le rendre encore plus fol qu’il ne l’était, car il riait, ricanait, utilisant même sa magie pour nous harceler de traits glacés qui sortaient de ses mains. Siegfried, qui avait eu le malheur de paraître la menace la plus forte de notre trio, succomba aux coups magiques du sorcier détestable et s’effondra sur le sol glacé.

Mais justice triomphe toujours – ou au moins, le plus souvent- et nous sentions que la mauvaise vie de notre adversaire touchait à sa fin ! Il se mit à rire tel un démon sorti des enfers, pointant le ciel d’un doigt, tenant ses blessures béantes de l’autre main.

Comment pourrais-je décrire ce qui arriva alors ? Levant les yeux, je restai tout d’abord incrédule au spectacle effrayant qui s’offrit à moi. Un roc, de la taille du cercle tracé au sol se précipitait des cieux sur nous ! Et nous étions au centre de la cible ! Le thaumaturge, chaotique jusqu’au bout, se sacrifiait pour nous emporter avec lui dans la mort !

Wilhem laissa parler ses pulsions viscérales et s’évertua à quitter la zone d’impact. Même si je songeai un court instant à sauver Siegfried, je fuis également tel un lapin, uniquement préoccupé dès lors par la préservation de mon existence !

La fureur de vivre soutint mes jambes et je réussis à m’éloigner suffisamment du chaos proche. Mon larb… mon jeune apprenti n’eut hélas pas ma chance, glissant, tombant et se relevant, il se retrouva trop près lorsque le rocher céleste fracassa la glace, écrasant indistinctement thaumaturge et hallebardier qui n‘avaient pu fuir.

Feu Wilhem Strasse
Suite à la déflagration épouvantable de la roche brisant la glace, le jeune Wilhem fut pris dans un maelstrom de glace et de roche mêlés, tentant de nager au sein de ce cataclysme, aspiré par le bouillon des eaux glacées, repoussé loin de la rive par les blocs de glace émergeants, retombants, se fracassants, empêché de respirer par les flots frappant son visage et s’infiltrant dans sa bouche béante. Impuissant, je cherchai sur la rive de quoi sauver le jeune homme. Sidéré, étourdi par le vacarme des blocs de glace s’entrechoquant, sans doute choqué d’avoir échappé à ce tumulte mortel, je ne trouvai rien qui put aider Wilhem. Il finit par glisser lentement sous les eaux, épuisé et vaincu par les éléments.

Vous savez le reste, cher ami. Je suis triste pour nos compagnons, et heureux en même temps d’avoir survécu à cette confrontation face à un thaumaturge. J’espère que les informations que nous avons pu glaner au cours de cette périlleuse aventure permettront de mettre un coup d’arrêt aux actions de ces sorciers dévoyés !

En espérant ne point vous avoir ennuyé avec mon récit,

Au plaisir de vous revoir bientôt, si possible en des circonstances moins dangereuses,

Hademar Raupach Von Mayenburg

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La vieille, les mains sur la machine, m'enjoignit de façon véhémente à me tirer dare-dare. Je pris l'escalier et entamai la redescente à toute vitesse mais néanmoins marche après marche. Un accident bête étant si vite arrivé.

J'entendis soudain comme un énorme impact au loin, et la Tour vibra un peu.

Au terme de cet effort titanesque et extrêmement long, j'ouvris la porte afin de prêter aide et sagacité à mes collègues, sûrement perdus sans moi.

Je me retrouvai avec effroi devant une lac qui se barrait en quenouille. D'énormes blocs de taille colossale jouaient à saute-mouton, s'érigeant presque à la verticale avant de retomber dans un sens ou dans un autre dans une vision de fin du monde.

Je refermai immédiatement la porte !

Un éclair lumineux venant du sommet du bâtiment m'aveugla soudain. Des phosphènes encore dans les yeux, maudissant les constructions Hauts-Elfes et leur égotisme vertical, je remontai quatre à quatre l'escalier.

Enfin arrivé au sommet, la pièce se révéla entièrement vide, seuls quelques papiers dont je m'emparai jonchaient encore le sol. Plus de Luminarque, les tableaux effacés à la hâte... La vieille salope était de mèche et elle avait réussi à nous embobiner ! Sans la présence de ce petit rabouin indiscipliné et bruyant accompagnant sa noblesse, j'aurai sûrement flairé le coup !

Je profitai d'un télescope pour faire un point sur l'état de mes collègues. Je repérai Hademar sur la berge, il semblait essoufflé et indécis. Suivant la direction de son regard, parmi les blocs de glace qui calmaient leur danse, je vis le corps de Wilhelm dériver lentement avant de s'enfoncer dans les flots glacés. Voilà à quoi ça conduit l'imbécilité hyper-active. Quant à la Hallebarde, pas une trace.

Je redescendis tranquillement et pour la dernière fois l'escalier sans fin puis, toujours attentif aux détails, rejoignis les geôles où je délivrai Kastor. Nous remontâmes, sortîmes et rejoignîmes Hademar au village, par une voie sûre.

Puis nous rentrâmes tout trois à Ubersreik tout en mettant au point notre rapport. Laissant un Kastor reconnaissant nous promettant une part de la fortune dont il devait prochainement hériter, nous allâmes rendre compte à Emmanuelle Nacht. Indiquant que j'avais d'importantes informations à remettre à un magicien compétent pour cause de complexités insurmontables pour les autres faibles d'esprit, elle m'arrangea une entrevue avec le magicien officiel. La chance me souriait. Non seulement j'allais potentiellement recevoir une accréditation mais possiblement une formation auprès d'un professionnel.

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Voilà qui clos le premier livret de mes aventures ami, lecteur fidèle et de bon goût. Pour la suite, elle est liée à mon éditeur et au succès du présent ouvrage. Alors ami, lecteur fidèle et de bon goût n'hésite pas à acheter, à offrir et faire connaître les incroyables et époustouflantes épopées de votre serviteur.

Signé : Henry James

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