lundi 22 octobre 2018

Brigandyne : L'Ennemi Intérieur - part 4

La troisième jambe du gobelin

Jolène "Jo" Octefer - Güntar La Brisure - Rhundil Thorgrimson
Au moment où je m'apprête à quitter mes compagnons et leurs acolytes alcoolique ou chaudasses, un cri retentit dans la nuit derrière moi. Je me retourne pour me retrouver face à face avec une bien étrange créature. Sale, maigre, déguenillé, un gobelin à 3 jambes me fonce dessus, alors qu'un petit homme lui court après en m'exhortant de l'arrêter. Je tente vainement un "coup de la corde à linge", et l'animal très rapide se perd dans la nuit.
Dr Mathusius

Le Docteur Malthusius, tout essoufflé, me remercie pour ma tentative et, sur ce, je rentre prendre un bon bain à mon auberge.

Le lendemain, à peine éveillée, après un nuit ponctuée par les couinements et roucoulements en provenance de la chambre de Güntar, le bon docteur nous accoste pour nous proposer du travail. La municipalité et lui-même nous propose, chacun, 50 couronnes d'or pour ramener le gobelin tri-pattes. Personnellement, je n'ai pas encore déjeuné et mon esprit bute sur : "les dernières traces de l'animal s'arrête devant un caniveau" de son explication. Il est hors de question que j'aille dans les égouts. Les égouts, c'est le pire des donjons. Les rencontres y sont invariablement humides, malodorantes, mutantes et non hygiéniques et donc fortement désagréables. Et que dire d'un aventurier digne de ce nom crevé au fin fond d'un égout. Je m'éloigne de la discussion, bougonne, pendant que mes camarades encouragent le forain par leur intérêt non dissimulé pour l'appât du gain.
Cependant le montreur de monstres ne paye que si on ramène son gagne-pain vivant, la ville étant indifférente sur l'état du cadavre.
Avant de se décider, nous convenons de clore l'histoire de l'héritage frauduleux de Güntar/Kastor et rendons visite à l'imprimerie qui a pressé la lettre des notaires fantômes. Les deux patrons aux physiques improbables font montre de bonne volonté. Tête-d'ampoule et cane-de-serin confirment que la commande de flyers émane de Kutsos l'arbalétrier manchot décédé. Bref, c'était bien une embuscade visant Kastor, visiblement maître d'une société secrète.

Mes camarades évidemment déçus, l'un par la perte d'une fortune et d'une cave à vain et l'autre par l'inexistence dans la région d'une quelconque brasserie naine, décident d'accepter la mission d'égoutier du mal. Nous allons prévenir un Dr Maltusus tout content. Puis nous nous rendons au Tribunal des fêtes afin d'accepter officiellement la mission auprès de la ville. Et je soutire au factotum une rallonge pour matériel. Un agent des forces de l'ordre nous est assigné pour nous escorter jusqu'à l'entrée des égouts. Quelques emplettes plus tard, nous sommes devant les traces évidentes de sang de gobelin sur les grilles d'un caniveau. Après distribution rapide de cordes, filets de pêche, viande fraiche et fruits pourris, nous allumons nos torches et descendons dans la ville d'en-dessous.

Ça pue, sauf pour Rhundil qui c'est bourré les narines avec des feuilles de menthe. Rien que de le voir, je sais que cette mission sera une catastrophe.
Nous suivons les traces de sang verdâtre laissées par notre proie. Nous pataugeons, sautons d'une plate forme à l'autre, finissons fatalement à tour de rôle et de toutes façons dans la merde jusqu'au cou, ou plus pour le nain.
Gottri Gurnisson -vie de
merde, mort de merde

En chemin, nous découvrons, flottant le long d'un canal, le corps du nain soûlographe de la foire. Il est planté d'une cinquantaine de coup de couteaux, son cœur a été arraché de sa poitrine et un de ses bras a été boulotté.  Ni un accident, ni un suicide donc. La vision est difficile à supporter pour Rhundil et moi.

Finalement, les traces nous mènent à une porte en bois que Rhundil découpe à la hache. Nous sommes à l'entrée d'une pièce pas très grande. Au sol, un grand cercle de cuivre avec, au centre, une tête de bouc au milieu d'un pentacle, tracés à la peinture. Comme aucune énergie ne semble en émerger, nous le traversons prudemment, chacun ayant conscience que nous mettons les pieds dans de la bouse thaumaturgique et que si ça sens le caca, cela n'a plus rien à voir avec le lieux où nous nous trouvons !

Au fond de la pièce, Güntar et Rhundil trouvent les os du bassin de notre gobelin, que je recueille dans un sac, et un mouchoir de luxe brodé des initiales F.S.. Il y a également une commode en fer qui suinte un liquide poisseux et que je n'arrive pas à ouvrir.

C'est alors que le tore de cuivre s'anime et que du pentacle se matérialise un @$%* de démon de trois mètres de haut, tout en dents pointues, griffes, mauvaise haleine, épée gigantesque et terreur absolu. Je sens les poils de mon pubis se dresser dans ma culotte. Nous regardant de ses yeux scrofuleux, il déclare d'une voix qui fait vibrer les pierres autour de nous : "Fuyez ce lieux ou mourrez !"
Dégagez d'ma piaule !!

Rhundil, sur le pas de la porte, obéit instantanément sous le coup de la panique. Güntar se faufile, collé au mur, à petits pas, sous le regard attentif du démon qui lui cède le passage. Derrière mon bouclier, l'épée au clair, je l'imite en essayant au mieux de contrôler ma vessie. Au passage au plus près du monstre, ma vision se brouille, je distingue comme en surimpression de la réalité des couleurs inconnues, des paysages hypnagogiques sous l'œil monstrueusement malveillant du gardien des lieux. En sortant de la pièce, je me sens comme retenue, aspirée en arrière alors que je rejoins mes amis qui, déjà, cherchent par où détaler !
Nous fuyons dans un sens, mais non loin, la vase du canal se soulève et en émerge une masse d'excréments et autres pourritures. Elle déploie des tentacules merdeuses, se dilate, emplie la voie et commence une lente reptation dans notre direction. Nous refuyons à rebours, repassons devant la pièce maudite, un brouillard de gouttelettes de sang a tout envahit et en cache le fond.
Nous courons et finissons par repérer une échelle vers la sortie. L'échelle est à deux mètres du sol. Je bondit et commence à grimper, alors que Güntar soulève le nain pour qu'il puisse me suivre. Je tends la main vers la plaque d'égout et crève une fine matière. Une légère poussière rouge tombe sur Rhundil et moi... Je suis aveugle ! J'en informe Güntar, puis soulève à tâtons le couvercle, attache une corde au dernier barreau de l'échelle afin que notre gladiateur puisse monter et enfin sors et m'assoie sur le bord, dans la rue, sous les exclamations surprises des passants.

Finalement, Güntar nous ramène à l'auberge, Rhundil et moi, tous deux dans le même état. Intermède qui me permet de leur servir un "Je vous l'avait dit !" bien appuyé. Après un bain rapide chacun, il
Elvira Kleinestun
s'en va trouver Elvira l'halfling herboriste à la foire. Elle lui vend de l'alfumasse, à mélanger à de la mélasse pour des cataplasmes oculaires. 50 couronnes d'or, merci. Durant l'attente de notre guérison, nous apprenons que la milice municipale aurait retrouvé le corps de notre gobelin. Güntar va au nouvelles et le juge municipal lui sert une histoire sur les docks à base de caisse qui aurait écrabouillé notre cible, mais aucune dépouille à l'horizon. Ça sent l'arnaque fumasse. Du coup, ni la ville, ni Maltusus ne veulent nous payer malgré les ossements que j'ai ramené comme preuve.

Cette histoire dans les caniveaux nous a coûté pas mal de fric et j'ai l'image du nain avec les fosses nasales pleines de menthe qui me harcèle.

Nous ne leur disons absolument rien sur le cercle démoniaque et son occupant dans les soubassements de leur charmante bourgade. Qu'ils aillent se faire foutre !

Rhundil et moi recouvrons tranquillement la vue. Tous les trois, assemblés devant une bonne bière, nous observons Morslieb la petite lune, pleine, virer au verdâtre. Toujours de bon présage comme couleur...

A suivre...

samedi 6 octobre 2018

Brigandyne : L'Ennemi Intérieur - part 3

"Un nain ça geint mais jamais à jeun."

Jolène "Jo" Octefer - Güntar La Brisure - Rhundil Thorgrimson
Adolphus Kuftsos - l'Arbalétrier
Thorgrimson est alerté par un mouvement du bateau, à peine un bruit et une ombre sur le pont dans la nuit.
Il attaque et coupe le gars d'un coup de hache mais se fait explosé la main par un arbalétrier resté à quai.

On se réveille avec précipitation Güntar/Kastor et moi. Je fonce à l'arrière où un malfaisant s'apprête à mettre le feu pendant que notre gladiateur saute sur le quai et engage le combat avec l'amateur de carreaux. Mon adversaire commence à enflammer le pont mais je l'éclate littéralement en l'écrasant de mon bouclier. Pendant ce temps, alors que Güntar connait quelques revers, Thorgrimson saute à son tour tour à terre, se rate, s'accroche à un filet pendant providentiellement, remonte à la force d'un bras, fonce et déglingue l'arbalétrier honnis à coup de marteau puis réduit de façon vindicative la main du cadavre.
De mon côté j'éteins le feu avec un baril d'eau douce présent sur le pont. Alors que sous le pont j'entends Josef crier car un feu qui débute.
Je repère un gars qui s'échappe à la nage et tente de rejoindre le quai. Je saute à terre, cours un peu, le rattrape aisément puis le suis mollement alors qu'il ahane, surement peu familier avec la pratique de la natation. Je le flèche maladroitement, gêné par la pénombre tout en lui proposant de se rendre. Finalement je lui mets un trait dans l'omoplate et le hisse au moyen d'une gaffe qui trainait. Enfin je lui propose de pas le laisser mourir comme une merde contre des informations.
En bref, il suivait Kastor/Güntar sur les ordres de l'arbalétrier. Je le cornaque jusqu'au bateau, vais chercher un médecin pour mes camarades et le gredin. Et pendant qu'ils reçoivent des soins, je m'en vais délester les cadavres de leurs richesses que j'offre ensuite à Josef pour les réparations de son navire.
Le lendemain, nous allons prévenir la garde qui nous apprend que l'afficionados de l'arbalète se
nomme Kurtos et logeait à l'auberge de La Trompette.
Je m'esquive pendant que mes deux collègues font trainer l'interrogatoire, et trouve un moyen de
pénétrer discrètement dans sa chambre. J'y trouve un coffre contenant deux tenus de voyages, une arbalète lourde, un portrait de Kastor, quelques papiers, un peu d'argent. Sous son matelas je découvre un pochette remplie d'environ 200 cœurs de fleurs séchés.
Je rejoins mes camarades à l'auberge. Nous reprenons le fleuve. Les cœurs de fleurs s'avèrent être des plantes médicinales à préparer en infusion. Tous les soirs, Thorgrimson se fait sa petite tisane comme une brave mamie. Et après 4 jours de voyages nous voilà à Bögenhafen en plein pour la Schaffenfest.

Nous prenons congé de Josef, posons nos affaires dans une auberge et nous dirigeons vers le centre de la foire.
Passé le marché à bestiaux, Güntar se fait littéralement pousser dans une arène de foire où il combat un colosse du nom de Brut Bogan. Notre gladiateur offre à la foule un fabuleux spectacle dans lequel il utilise des prises connues de lui seul. Alors que le géant lui fonce dessus, il débute par "La fourchette de Nuln", enchaine avec "Le marteau d'Altdorf" et termine la brute avec "La balayette de Bögenhaffen". Il ressort vainqueur, acclamé et glorieux et deux demoiselles s'attachent à ses bras musculeux.
Nous le laissons à de futures joyeusetés et avec Thorgrimson continuons nos pérégrinations. Puis, un
Gottri Gurnisson - soulographe
peu plus tard, nous le recroisons accompagnés d'un nain passablement avinés, bruyant et malodorant, en plus de ses deux poules. Le nain braillard prend alors Thorgrimson en amitié sous le nom de seigneur Oula.

... Je rentre à l'auberge.

A suivre...