Prologue
Investi d'une partie des prérogatives du C.I.D., l'Escadron Étrange (sans A. de Saint Sernin) remonte la piste commune des régressés, un coiffeur dans le 16ème. Là, ils découvrent des flacons de parfum suspects de La Société Française de Teinture Inoffensive pour Cheveux. Ces derniers ont été livrés par le compagnon d'une des coiffeuses, Marceau Raspail, travaillant à l'usine Maréchal et Ferrant. Alors que le Nyctalope leur demande d'attendre le lendemain la décision de justice permettant une perquisition, Ozie semble avoir de tout autre projet.
Alors que nous devrions aller nous reposer car non couvert par le CID, Ozie me fait comprendre d'un regard en coin qu'il n'a pas l'intention d'attendre. Mon camarade automate fait montre de cette fougue qui m'anime et a fait succès à la Première Guerre. Pourquoi attendre, il faut prendre l'ennemi à la gorge et par surprise. Zou, nous filons nuitamment à Boulogne Billancourt, où réside l'usine Maréchal et Ferrant. Nous arrivons devant bâtiment arborant en enseigne en forme de fer à cheval dans une zone industrielle. Allons battre ce fer quand il est encore chaud !
Sans attendre Ozie bondit par dessus le mur d'enceinte et nous ouvre une entrée des camions. La cour comprend 5 entrepôts. Nous concevons rapidement de nous séparer afin de couvrir le plus rapidement le plus de terrain et Ozie file déjà vers le plus petit. Il me plait de plus en plus ce petit gars, beaucoup de motivation, peu d'hésitation. Est-ce le sort potentiel de Saint Sernin ou le péril de la France qui le pousse ? En tout cas il traîne pas !
Bon, de mon côté, j'opte pour un des grands bâtiments et m'avise que Félix m’emboîte le pas. Je lui explique sans patience le concept de séparation et le rassure en lui disant que son ami égyptien saura bien le protéger. En cas de danger, on bat le rappel et puis voilà, je le laisse à ses incertitudes, on n'a pas toute la nuit.
C'est fermé ! Au diable ces industriels suspicieux. Je tente un crochetage au grappin mais c'est aussi efficace que la broderie au harpon, aucun succès. Tant pis, je grille la serrure alors que non loin j'entends le grincement métallique bien connu de la serrure soumise à la poigne du collègue mécanique. Je me retrouve dans un vaste hangar d'usinage d'avion et repère rapidement les vestiaires des employés. Je finis d'ouvrir celui du dénommé Raspail, petit ami présumé de la coiffeuse de M. Chic et livreur suspect de parfum de la Société Française de Teinture Inoffensive pour Cheveux et entreprend de le fouiller quand revoilà mon automate qui déboule. Il a repéré dans la petite bâtisse une trappe d'où filtre une discrète lumière. Sentant l’esbroufe, il vient quérir l'homme d'expérience en échauffourée. Une trappe, une cave, presque une tranchée! Me voilà en terrain connu!
Nous repartons ensemble et alors que nous approchons, Ozie semble voir une ombre qui se faufile dans le noir. Deux tirs électriques nous accueillent. Nous sommes tous deux à peine touchés. Je bondis au contact d'un des adversaires alors qu'Ozie pousse d'un geste de lourdes caisses afin de bloquer contre le mur l'autre gougnafier. Nous sommes aux prises avec deux prolétaires en salopette et les saligauds sont armés de lance électrique du C.I.D. Bon sang, je viens de résoudre le mystère de la disparition de matériel qui mettait les agents du Nyctalope en émoi depuis plusieurs semaines. Les tacherons ont mis leurs pattes caleuses dessus !
Usant de sa technique de combat étrangère, Ozie assomme promptement son adversaire tandis que je blesse le mien en lui montrant ce qu'est la vraie fée électricité. C'est alors que deux tirs nous arrivent dans le dos. Deux escogriffes planqués dans un petit local vitré nous prennent à revers. Je vois Ozie soulever à l'arrachée une caisse pesante et la balarguer sur les malotrus. Elle libère une moto en fracassant le local alors que, suivant le mouvement, Ozie leur saute dessus les bousculant au sol, profitant de leur désarroi. Je dois bien avouer que ce mécanoïde ne manque ni de courage, ni de témérité! Quand à la jugeote, allez savoir comment fonctionne son esprit artificiel. Toujours est-il qu'il est bien efficace sur le champ de bataille.
Je finis d’assommer mon adversaire et m'empare de sa lance électrique. Mon ami mécanique encaisse un coup de l'adversaire tandis que le Pharaon Blanc fait son entrée. Je le vois se concentrer mais c'est à peine si deux sacs de ferraille traînant au sol s'émeuvent de ses pouvoirs. Il a l'air déçu... Et moi donc!
Peu importe, Ozie choppe au collet le godelureau lui faisant face et le projette sur son collègue qui s’apprêtait à le cibler. L'un s'évanouit sous le choc et j'électrocute l'autre avec ma nouvelle arme.
Nous les attachons. Ils semblent bien trop musclés pour d’honnêtes prolétaires et portent des cicatrices de balles indiquant une existence tumultueuse sur quelque front de guerre. Pas sur qu'ils aient été du bon côté des tranchées ces saligauds!
Mais des bruits et de la lumière nous parviennent de dessous la trappe. Nous l'ouvrons précautionneusement et descendons pareillement. En bas, nous découvrons des tables couvertes de matériel électrique ou de verreries scientifiques. Sur le mur sont fixés deux bonbonnes dont une semble maladroitement colmatée, d'où partent divers tubes. Il y a aussi accroché une étrange scaphandre argenté avec son casque métallisé. Au fond, un mur nouvellement construit avec une porte en métal. Mais surtout il y a trois testons de gouape planqués derrière une table renversée qui nous invectivent et nous demandent de nous rendre. Ils ne me connaissent visiblement pas, car autrement ils se seraient économisé un ordre aussi inepte. Se rendre...j'en rirais si çà ne me foutais pas tant en rogne!
En réponse, je leur retourne la politesse au nom de l'Escadron Étrange. À l'aide de mon pisto-grappin j'essaie d'alpaguer leur barricade mais manque mon coup et prend un tir qui m'envoie à terre. Je suis sur que ce foutu grappin doit servir à quelque chose ! Un peu sonné, je vois Ozie leur foncer dessus et percuter la table à toute vitesse. Deux adversaires se retrouvent coincé entre la table et le mur. Le troisième échappe à l’étau mais est désarmé sous le choc. Le Pharaon Blanc leur envoie la table pleine de verrerie sur le blair par télékinésie mais se prend en retour un tir de leur lance et tombe dans l’inconscience, électrisé. Bah finalement, il se protège pas si bien que cela, l’Égyptien ! Je tire avec ma lance sur le désarmé qui s’avère être Marceau Raspail. Le voilà hors d’état de nous emmerder. L’automate tente un bourre-pif indien sur son vis-à-vis mais se manque et lui aussi se fait électrocuter à bout portant. Me voilà seul pour en finir avec ces emmerdeurs : la routine pour moi. Après un rapide échange de tir, ils terminent au pays des rêves : après tout, ce ne sont pas des boches, et ils auront sans doute beaucoup à nous confesser.
Pendant que je les ligote Félix puis Ozie reviennent à eux. Nous fouillons l’endroit. J’inspecte l’étrange scaphandre argenté marqué d’un signe infini. Il appartiendrait donc au kidnappé du Jardin du Luxembourg ? Ozie indique que la porte métallique est verrouillée mais Félix trouve une clef en faisant les poches des trois rascals. Nous ouvrons sur une petite pièce munie d’un matelas à même le sol et dans un coin, un vieux aux cheveux blancs dont le corps est marqué de brûlures, de croutes de sang et ecchymoses. En nous voyant, il lâche « Vous, enfin ! Je viens de l’année 1986. La Terre n’est plus que glace. Druzo a vaincu. ». Sur ce, il sombre dans l’inconscience.
Dubitatif, je m’en vais réveiller Raspail afin d’y voir plus clair. Le gars ne se fait pas prier pour tout déballer. C’est son chef, Paul Capitan qui a repéré l’apparition du scaphandrier au Jardin du Luxembourg et a spontanément décidé de s’en emparer. Pressentant une utilité pour le Comité Secret d’Action Révolutionnaire affilié à La Cagoule, groupuscule d’extrème-droite auquel ils appartiennent, ils ont retenu captif l’étranger voyageur. Malheureusement, une des bonbonnes que transportait ce dernier fuyait. Paul Capitan fut contaminé et devint le premier régressé que Raspail fut obligé d’éliminer, jetant son corps dans la Seine. Ils décidèrent alors d’utiliser le fluide des bonbonnes pour réaliser des attentats contre la gauche. Mais surtout, contre de bons citoyens français. Je ne les aime pas. Du tout.
Laissant de côté mes considérations patriotiques, je constate effectivement qu’une des bouteilles a été réparée au plomb. Quant à la verrerie brisée lors de la bagarre, il ne s’agissait fort heureusement que du matériel de distillation du parfum. On aurait été beau tiens, transformés en guenons à notre tour!
Félix va prendre soin du voyageur temporel tandis qu’Ozie appelle le C.I.D. Je surveille d’un œil réprobateur et martial les trois enclumes fascistes.
Le vieux revient à lui et devient un moulin à parole, comme si le temps lui était compté. Il va jusqu’à son scaphandre et détache le dispositif gravé du symbole infini. Il explique qu’il s’agit d’un détecteur d’anomalies temporelles qu’il nomme nœuds du temps. Il tourne le symbole qui devient alors un 8. Soudain une sphère lumineuse apparaît au milieu de la pièce et aspire divers objet dont une des côtes d’Ozie. Le vieux à l’air surpris de cet effet tout autant que l’automate par sa côte intermittente. Quand à moi, j'ai perdu le fil à "détecteur". Nul doute qu'Ozie aura compris tout le baragouinage scientifique du vieux.
Ce dernier, visiblement épuisé par cet effort, termine son exposé en nous indiquant qu’il nous faudra l’œil de Xorn comme balise et que le danger apparaîtra lorsque le ciel deviendra rouge et les étoiles s’assombriront. Puis il repart dans les vapes. On se doutait bien que le pataquès sur Mars n'était que le commencement des emmerdes, le vieillard nous l'a confirmé.
Mais voilà les forces du C.I.D. qui déboulent. Nous faisons embarquer les terroristes manu militari et le matériel avec précaution. Arrivé à Montmartre, le Nyctalope nous attend pas content et nous retire notre accréditation. Merci d'avoir résolu deux affaires en une nuit, hein ? Çà t’arracherais la gueule ? Parce que c'est pas avec ton personnel d'élite qui se fait empalmer ses armes par le premier loufiat venu que tu aurais résolu quoi que ce soit...
Nous confions le matériel aux scientifiques en leur donnant les informations à notre disposition sauf en ce qui concerne le détecteur de nœuds temporels, faut quand même pas déconner. Puis nous prenons congé en apprenant à regret que Aymeric et Jessica ont été victime de la régression. Physiquement, çà changera pas grand chose pour Aymeric, mais la jolie Jessica, là c'est le coup dur pour elle!
Dans la bouteilles réparée au plomb, les experts ont retrouvé une balle marquée d’un A, signature de M. Soleil. Le vieux nous indique qu’elle fut tirée en 1986 par son ami. Voilà une conception de l’amitié bien surprenante. En voilà un que j'aimerai avoir sous la main, mais pas sur qu'il apprécie en retour !
Nous voici donc dans un imbroglio temporel afin de lutter contre la menace Druzo. J’ai comme l’impression que notre combat va prendre des tours encore plus surprenants que précédemment. Quant à l’implication de ce M. Soleil rien n’est clair, sauf que c'est un dangereux intrigant.