Les circonstances du meurtre étaient surprenantes, mais sa résolution me permettait, potentiellement, d'obtenir une accréditation officielle en tant que magicien.
Au fil de notre enquête, nous avions fini par nous retrouver au luxueux Hôtel du Pont afin de fouiller la chambre du mort.
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Nous grimpâmes dans l'auberge, chaque étage plus richement décoré que le précédent. Au deuxième, Gunther Aben, le propriétaire nous amena à une chambre au mobilier assez simple. Un lit, un bureau, une chaise et une armoire.
Hademar (noblesse déchue) |
Je trouvais une pile poussiéreuse de lettres, toutes envoyées par des dames et non décachetées. Cependant certaines étaient rédigées par des "personnalités" de l'aristocratie impériale voire, pour l'une d'entre-elles, très haut placée et mariée ! J'empochai les missives sensibles et me tournai vers le reste du courrier dispersé. Il s'agissait d'écrits obscurs, couverts de chiffres, de fausses citations et invariablement signées d'initiales : C.I. ; A. ; U. ; M.
Notre leader accepté et son larbin prépubère trouvèrent un petit coffret sous le lit contenant des parchemins couverts de listes ainsi qu'une bourse.
Dans l'armoire, des tenues invariablement tachetées de sang s'alignaient avec des bandelettes, ayant servi à emmailloter des poings, dans le même état. Hademar, surpris, évoqua le club de "la Chair Immaculée", spécialisé semble-t-il par le combat clandestin, qui avait tenté de le recruter précédemment.
Ayant fini, alors que nous sortions, un factotum quelconque agitait une lettre sous le nez de l'aubergiste dans le couloir. Le Soldat du Guet l'intercepta comme il faisait mine de s'en aller et récupèra la lettre provenant d'Altdorf. Mais je ne pus m'empêcher de remarquer que le postier semblait gêné aux entournures. Je le questionnai et il proposa nerveusement à Hademar de se poser pour boire un coup. Relativement confiant qu'en à la capacité du représentant de l'ordre de mener à bien un interrogatoire correct, je dirigeai mes pas, accompagné de la Hallebarde, vers la demeure de l'ancien noble pour me plonger dans la lecture passionnante des lettres codées.
Machin dit Wilhem (ou inversement) |
Néanmoins, la secte, les dépenses pour armes et soins, pouvaient laisser penser à l'organisation d'une force paramilitaire dans les murs d'Ubersreik. Un prochain coup de force des Young Freud, tentant de reprendre la ville ?
Hademar me demanda de lire une des lettres d'amour. Machin affirma qu'il était expert dans l'ouverture des plis cachetés mais finalement ne devait son expertise qu'à lui même et fit fondre le sceau de cire comme un idiot. Le contenu était une déclaration enflammé en langage mondain, mais non équivoque, d'une femme importante dans le royaume.
À 19h, notre Soldat du Guet nous fit rejoindre le Bastion où la lettre d'introduction auprès du Capitaine Erwin Blütcher, en charge de la Tour Magnus, rédigée par la Capitaine Andréa Pfeiffer, l'attendait. Lors de cette balade, il demanda à son jeune larbin d'ouvrir l’œil quand à de possibles espions. Ça tombe bien, Machin se qualifiait lui-même de très observateur ! Mais il semblerait, une nouvelle fois, que la réalité ne soit pas de son avis. Cet enfant s'inventait les compétences qui lui faisait défaut à me sure des besoins. Toujours est-il qu'il exprima "la sensation" que nous étions suivi.
Capitaine Frisouille |
L'ascenseur monta à 5 mètres de hauteur jusqu'à une porte s'ouvrant directement sur la façade du bâtiment carré, sans marche ni garde-fou. Stabilisant la cabine d'une main, Frisouille nous ouvra l'huis qui donnait sur un couloir flanqué de deux gardes Altdorfer. Nous pénétrâmes et nous retrouvâmes rapidement devant Erwin Blütcher qui, après avoir parcouru rapidement notre lettre d'introduction, nous accueillit chaleureusement. Ses phalanges étaient cleans.
Capitaine Erwin Blütcher |
Il prit la direction du lieu du crime tout en nous expliquant que le brave Tylo venait le visiter une fois par semaine. Il apportait de bons produits frais, buvait le coup avec le Capitaine, dormait sur place et repartait le lendemain. Toujours à œuvrer pour la réunification Altdorfers et Ubershreiker ce bon Tylo. Après une bonne grimpette dans la tour carré, nous voilà devant une chambre gardée par un soldat impérial, dispositif réglementaire envers le défunt Brigadier Chef.
Dans la pièce, rien n'avait été touché. La discipline rigide et crétine des forces armées peu avoir du bon parfois. L'endroit était meublé d'un lit, d'une table, deux chaises et un bureau. Sur la table, 5 verres étaient posés tandis que le 6ème gisait au sol, ébréché. La chambre était éclairé par un vitrail de Sigmar comportant à présent un trou régulier en son centre.
Le meurtre de Tylo Vielfrass - reconstitution avec l'aide de Machin |
Je demandai à Erwin de m'indiquer la position précise du corps lorsqu'il l'avait trouvé et exigeait d'un Machin peu attentif et retors de prendre la place approximative du mort avant son décès. Après une intervention d'Hademar pour se faire obéir et que le jeune indigent comprenne un tant soit peu ce que nous voulions de lui, je traçai mentalement une ligne entre le trou dans le vitrail et la poitrine supposée de feu Tylo. Cela me conduisit à observer le secrétaire sur lequel je pus voir que la carafe de vin placée dessus avait vu son contenu entièrement vaporisé sans pour autant que le verre ne soit fondu. D'autre part des marques de brûlures et de cloques ornaient la marqueterie juste derrière. Par contre, rien sur le mur, prouvant que le rayon calorifique était bien venu de l'extérieur du bâtiment. Siegfrieg mis en joue de sa hallebarde la poitrine de Wilhem, traçant une ligne imaginaire entre le secrétaire, la carafe, et le trou dans le vitrail. L'enquête balistique était terminée. Nous avions 4 points pour tracer une droite assez fiable pour viser le départ du projectile qui devait se situer.... à plusieurs kilomètres de là, entre les deux pics des Montagnes Grises !! Ce qui me plongea ainsi que mes collègues dans l'expectative, car aucune de mes connaissances, celles de mes compères étant inexistantes ou presque, n'étaient en accord avec les observations.
La Hallebarde et son Siegfried |
Soudain, nous entendîmes des bruits de bagarre dans le couloir. Hademar et son turbulent domestique allèrent voir ce qu'il se passait. Des soldats portant des brassards noirs étaient en train de mettre une dérouillée avec leurs collègues qui n'en portaient pas. Alors que le Capitaine ordonnait le retour au calme, un casque vola en plein dans la face de Machin alors qu'Erwin recevait un crochet à la mâchoire qui le mit à terre. Je poussais la Hallebarde en soutien. Son arrivée et l'autorité du Commandant de la tour, à nouveau sur pieds, finirent par stopper la rixe. Il nous apparut clairement que les brassards noirs appartenaient à la secte des colleurs de gnons à tout va.
Nous quittâmes la Tour Magnus pour tomber une nouvelle fois sur Frisouille et ses Frisettes qui, étonnamment, nous attendaient. Ils complimentèrent Hademar et Machin pour leur capacité à mettre des bourre-pifs, cette activité vulgaire et bourrine semblant être pour eux le pinacle de l'activité humaine. Ils les invitèrent à boire un coup dans leur entrepôt. Je suivis méfiant avec la Hallebarde. Arrivée à leur base pour ados attardés, Frisouille et ses Frisettes se firent moins exubérants, baissèrent le ton. Alors que nous pénétrions dans leur repère, Machin entraperçut une femme qui les observait mais se replia immédiatement dans les ombres. Dans l'entrepôt, un bar improvisé était posé sur des tonneaux d'alcool mis en perce, quelques chaises dépareillées et au delà un grand cercle tracé à même le sol faisait penser à l'antre d'une bande de gamins traîne-misères à l'éducation défaillante.
La tournée des chopines à la mémoire de Tylo commença et Frisouille sembla très ému. Je bus avec grande modération, l'ambiance n'étant pas à ma convenance et me rendant suspicieux. Les adeptes de la "Chair Immaculée" accueillirent ainsi à grand bruit Hademar et son estafette, Orban leurs faisant l'article à propos du Cercle et de la fierté des Unberogen (?). Puis il s'enquit de l'avancée de l'enquête, nous apprit que le Cercle avait été fondé par Tylo lui-même ce qui fit demander à notre Soldat du Guet s'il ne s'était pas fait rouler dans la farine par feu le Brigadier Chef. Il nous confia également que le mort avait une pièce secrète dans l'entrepôt que personne n'avait pénétrée pour cause de tradition virile et absurde. Hademar demanda à la visiter et, bien sûr, le Sergent lui proposa, à demi-mots, de faire ses preuves lors l'épreuve du cercle en contre-partie. Les règles étaient assez simple. Les deux opposants se mettaient en calbut et le premier éjecté du Cercle avait perdu. La philosophie qui l'accompagnait tout autant, il fallait prouver sa valeur, pas forcément gagner mais se dépasser. Le truc pour gogo adulescent qui croient au pouvoir des fleurs autre qu'en tisane ou décoration. Cela confirmait ma première analyse, le Tylo il servait de figure paternelle à une horde de pucelles décérébrés. Et il semblait clair que le Orban il avait joué - ou aurait voulu - avec d'autres cercles avec papa. Bon, Hademar se fit plier en 2:2. Mais, après quelques congratulations générales voilà t'y pas que les sectateurs se mirent à entonner un chant dans un langage étrange.
Je reconnus plus tard une forme ancienne du premier langage de la région, le vieux Reiklander, mais là, dans une sorte de cantique qui nous mis très mal à l'aise. Sauf Machin, protégé de toute corruption mystique ou plus généralement intellectuelle dû fait de son manque d'encéphale.
Ensuite Frisouille nous conduisit au fond de l'entrepôt vers une pièce qui en occupait toute la largeur. Notre guide ne voulut pas entrer et nous passâmes la porte pour déboucher sur une sorte de vestibule clos par un grand dais violet. Derrière, une pièce puant l'encens, une table sur laquelle reposaient des papiers, un écritoire, des coussins et dans un coin, un objet circulaire qui accrochait la lumière.
Cercle de la Chair Immaculée (d'après description) |
De mon côté, alors que je m'approchai des écrits, je remarquai un objet caché sous une pièce de tissu. Lorsque je soulevai celui-ci, je découvris une statuette d'une divinité androgyne, une femme à 4 bras portant entre les jambes un braquemart de taille incongrue. Le même malaise provoqué par le cantique des adeptes du Cercle monta en moi et je recouvrai précipitamment cet objet maléfique. Cependant il me sembla reconnaître le Dieu du Chaos Slaanesh, dieu des plaisirs, du BDSM, des désirs et de la luxure.
Je me détournai vers la table afin d'échapper à l'aura corruptrice de l'objet. J'y trouvai des dessins obscènes, des poèmes et textes à caractère pornographique et des sortes de notes personnelles.
Il était clair pour moi que le garçon était fortement égocentré, avec un culte de la personnalité donnant le vertige, un narcissisme abyssal complété par un charme et une capacité de manipulation d'un haut degré de sociopathie. Un requin parmi les poissons rouges, soldat du guet avec ou sans frisette compris semblait-il.
Cependant, la note pointait du doigt Eske Glazer et mon esprit commença à imaginer un dispositif optique qui permettrait de générer une sorte de rayon par amplification de la lumière et qui serait capable de percer un vitrail et la poitrine d'un homme. La fabricante de cruche en verre devenait un soudainement plus intéressante qu'au premier abord.
Eske Glazer Fabricante de cruchons en verre (suspecte) |
Tout à coup, nous entendîmes des cris venant de l'entrepôt. "Au bûcher ! Au bûcher !". De l'autre côté de la porte, il est clair que ça flambait ! Des détonations d'armes à feu explosèrent mais sans issue de secours, nous fûmes obligés de sortir et d'affronter la scène de chaos qui se déroulait. Frisouille et ses Frisettes combattaient âprement une populace bigarrée et diversement armée. Mais loin d'être dans l'amateurisme, certains étaient équipés de cocktail Molotov qui ayant atteint les tonneaux d'alcool, les faisaient exploser, embrasant la bâtisse. Les assaillants étaient conduit par une femme chauve à la moitié du visage brûlée et armée d'un pistolet, invectivant et encourageant son équipe de paysans par des "Au bûcher !" ou des "Hérétique !"
Me voilà, avec mes collègues, dans une bien mauvaise situation. Nous nous quittons fébriles sur ce moment empli de suspense, lecteur fidèle et de bon goût, pour nous retrouver au prochain épisode.
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