Les Héros de la Superscience contre les Régressés.Entretien impromptu avec l’ESCADRON ÉTRANGEpar Jessica JANE
Jessica JANE : Bien que la plupart de nos lecteurs vous connaissent déjà, pourriez-vous vous présenter succinctement.
Félix DUFAUX : Félix DUFAUX, archéologue, spécialiste en égyptologie, employé au Louvre. Je suis le PHARAON BLANC au sein de l’Escadron Étrange.
Aymeric de SAINT SERNIN : Aymeric de SAINT SERNIN, romancier patriote, pilote, explorateur, photographe. Je répond au nom de LA VÉRITÉ dans l’Escadron Étrange.
JJ : Par souci de transparence, je tiens à informer nos lecteurs que Monsieur de Saint Sernin et moi-même sommes fiancés. Mais continuons.
François de VAUCANSON : François de VAUCANSON, automate sentient. Mais OZI3 est mon nom d’origine et c’est ainsi que mes partenaires m’appellent dans l’Escadron Étrange.
JJ : Il me semble qu’il manque un membre de votre équipe ?
AS : Effectivement, notre compagnon Albert ROCHE, Le Premier Soldat de France, complète notre équipe. Il est actuellement occupé dans les locaux du C.I.D. et il n’est pas très à l’aise avec les journalistes.
JJ : Pouvez-vous nous raconter comment vous vous êtes retrouvés à enquêter sur ce que les journaux de Paris ont appelé les Regressés ?
FD : En fait, ce n’était pas au départ notre enquête principale. Nous poursuivions depuis plusieurs jours l’auteur des attentats sur 4 personnes à Paris et dont votre journal s’est fait l’écho. Ce n’est que fortuitement que nous fîmes notre première rencontre avec un primitif.
FV : Ce fut lors de notre intervention à la conférence de M. Robert DARVEL à la Maison de la Mutualité que nous dûmes intervenir face à la première de ces créatures.
JJ : Notre journal a relaté cette aventure. Que c’est-il passé ensuite ?
FD : Nous nous sommes retrouvés hier matin afin de faire le point sur les informations à notre disposition. Nous avons appris la découverte d’un Régressé sur les bords de Seine, ainsi que la lettre anonyme envoyée aux journaux.
FV : Oui, elle est censée avoir été envoyée par Nous Autres et indiquait que c’était une attaque contre les patrons en les faisant régresser à leur état de sous-hommes.
JJ : Nous y reviendrons. Qu’avez-vous fait alors ?
AS : Je suis parti à l’observatoire de Paris retrouver Ernest ESCLANGON, son directeur. Une partie de l’énigme représentée par le criminel que nous poursuivions était liée à des calculs astronomiques et je voulais son avis. Le savant était très excité par les photos que je lui avais remis. Il m’a demandé de le conduire à l’habitation de ce dernier car il voulait consulter les originaux de ses calculs. Une fois sur place, il s’est montré très enthousiaste. J’en ai profité pour fouiller plus avant l’endroit. Mais je n’ai rien trouvé.
FD : En compagnie d’Ozi3 nous sommes allés à la Sorbonne afin de quérir l’aide de Gyslaine d’ALEMBERT sur un texte que nous avait laissé notre criminel. C’était un texte de RIMBAUD, comme les précédents, mais nous ne purent rien en tirer de plus.
JJ : Vous étiez alors dans l’impasse ?
FV : Pas tout à fait. Je suis parti chercher les papiers retrouvés chez M. SOLEIL afin de voir si nous n’étions pas passé à côté d’une information importante.
FD : J’ai décidé pour ma part d’aller au logis du sieur SOLEIL afin d’utiliser certaines de mes capacités de l’Hypermonde, craignant d’avoir manqué quelques détails importants.
AS : Devant l’ampleur de la tâche, M. ESCLANGON, a décidé de passer la nuit dans la mansarde à étudier les notes, formules et croquis inscrits directement au mur. Il était extrêmement motivé par la découverte d’un 10ème corps astral dans notre système solaire. J’ai demandé à la concierge de lui faire monter une collation et faciliter sa nuit. Et puis il était temps que je rejoigne mes compagnons afin de mettre en commun nos découvertes. (sourire)
JJ : Vous avez donc trouvé une nouvelle piste.
AS : Ni les documents à notre disposition, ni les pouvoirs du Pharaon Blanc ne nous ont apporté un quelconque éclaircissement quand aux motivations ou au possible emplacement de M. SOLEIL.
FD : Malheureusement. J’ai juste entraperçu un objet qui avait été lancé à travers le vasistas et retombé sur le sol sans même pouvoir l’identifier, lié à un sentiment de frustration.
FV : En étudiant finement les croquis d’une réalité surprenante, nous nous sommes rendus compte qu’il s’agissait de vues à hauteur d’homme. Parfois, il était clair qu’ils représentaient des scènes alors que nous étions persuadés avoir été seul dans la rue. Et que le rendu des dessins était clairement du fait d’une machine.
JJ : Vous évoquez un être mécanique qui pourrait se rendre invisible ?
FV : Possiblement.
AS : Grâce aux notes et à l’avis éclairé du directeur de l’Observatoire de Paris nous nous sommes aussi rendu compte qu’il y avait au moins 4 écritures différentes.
JJ : M. SOLEIL serait en fait un groupe de plusieurs individus !?
FV : Probablement.
JJ : Mais finalement, vous n’étiez pas plus avancés.
FD : Non, mais c’est à ce moment qu’il y a eu un revirement de situation. Nous avons appris par la TSF que le zeppelin à bord duquel vous étiez, était en perdition. Votre fiancé, ici présent en fut très inquiet.
AS : Oui et déjà je m’apprêtais à voler à votre secours par n’importe quel moyen !
FD : Heureusement Ozi3 a su garder son sang froid si j’ose dire.
FV : J’ai téléphoné au C.I.D. qui justement affrétait un stratogyre pour gérer la situation. Je leur est demandé de passer nous prendre sur le parvis de Sorbonne.
JJ : Que saviez-vous de ma situation à ce moment là ?
AS : Pas grand chose au départ. Mais en nous rapprochant de zeppelin, j’ai aperçu à travers ses hublots la présence d’une forme massive que ne pouvait être qu’un de ces néandertaliens que nous avions déjà combattu. Je savais que je devais vous rejoindre sans attendre. Le stratogyre ne pouvait pas trop se rapprocher. Il me fallait sauter.
FV : Il nous fallait sauter.
FD : Il n’y avait en effet pas d’autre option possible. Le problème est qu’il n’y avait que 2 parachutes dans notre appareil !
JJ : La manœuvre a dû être extrêmement périlleuse.
AS : Sur le moment, je n'y ai pas pensé . J’ai enfilé en parachute et j’ai sauté sans hésitation.
FV : Il n’était pas question de vous abandonner seule face au danger Dame JANE, ni de laisser mon compagnon prendre des risques sans être épaulé. Je l’ai suivi pareillement.
FD : Quant à moi, le temps que je réagisse, il n’y avait plus de parachute. Mais comme dit Ozi3, nous sommes une équipe et j’ai franchi l’ouverture de la machine volante, comptant sur les pouvoirs du Pharaon Blanc pour me réceptionner au mieux.
JJ : Vous voulez dire que vous avez sauté sans parachute !?
FD : Oui. Comment faire autrement. Il en allait de votre vie et de celle de mes partenaires. Enfin bref…
AS : J’ai pu atterrir assez facilement sur la toile du zeppelin et m’accrocher à une corde du fuselage.
FV : J’ai eu un peu plus de mal. N’étant pas pilote comme Aymeric, j’ai mal calculé l’influence de l’air à la sortie du stratogyre mais j’ai pu me rattraper et agripper moi aussi une corde pendant le long de l’aéronef.
FD : Mmm… Pour ma part, ça ne s’est pas passé comme je l’espérais. J’ai raté mon saut, raté les cordes et je dois ma vie à Ozi3 qui m’a rattrapé in extremis.
FV : Ensuite nous nous sommes balancés au bout de nos cordes afin de rejoindre la rambarde qui fait le tour des cabines. Arrivé le premier, c’est à ce moment que je vous ai vue à travers un hublot du bastingage alors que le régressé faisait exploser sous ses coups la porte qui vous séparait. Une seule option m’apparaissait quant au danger qui vous menaçait. Je suis passé à travers le hublot pour m’interposer entre vous et lui.
FS : Pour ma part j’étais mal placé et j’ai dû rentrer par un autre hublot que j’ai fait sauter avec mon pistolet à rayon. Je me suis trouvé dans une cabine adjacente. Je vous entendais hurler et j'étais en rage.
FD : Le Pharaon Blanc dû trouver une autre issue mais par télékinésie il ouvrit lui aussi une voie à travers une fenêtre du zeppelin.
FV : Au même moment j’ai voulu combattre la bête mais elle m’attaqua plus rapidement et m’assomma pour le compte.
AS : C’est à cet instant que je suis apparu dans son dos. Je lui tirais dans l’épaule la transperçant de mon Raygun. Mais l’infâme s’est emparé de vous, vous agrippant fortement par la taille, éructant des grognements vous faisant visiblement souffrir. Fort heureusement, ma douce, vous fîtes preuve de sang froid malgré la douleur qui vous étreignait. Sur un signe que je vous fis vous avez compris qu’il fallait vous baisser et je pus le blesser à nouveau. Mais ça n’aurait pas suffi sans l’assistance de Félix.
FD : Je n’ai que peu de mérite mon ami. À présent il me tournait le dos et le Pharaon Blanc a utilisé les débris des fenêtres cassées pour lui larder le dos. La bête s’est alors écroulée vous relâchant avant qu’il eut risqué de vous broyer. Aymeric s’est précipité et vous a évacué loin de cette créature sauvage qui fut un homme. C’est alors qu’il est arrivé un phénomène étrange…
JJ : Que voulez-vous dire ?
FD : Je me suis porté au secours d’Ozi3 qui était toujours à terre et j’ai remarqué qu’il lui manquait une pièce au niveau des côtés. Alors que je la cherchais au sol, elle est apparue littéralement devant moi dans une sorte de bulle de lumière orangée. La bulle a crevée, j’ai récupéré l’engrenage. Je l’ai remis en place et Ozi3 a redémarré.
JJ : Ça ne s’était jamais produit avant ? Ozi3, c’est un phénomène nouveau pour vous ?
FV : Nouveau, surprenant et incompréhensible. Sitôt allumé, nous sommes allés chercher des cordes avec Félix et nous avons solidement ficelé le Régressé pendant qu’Aymeric occupait déjà le poste de pilotage afin de nous ramener sur le terre ferme.
AS : Je vous ai laissée, ma chérie, aux bons soins de mes collègues, remarquant au passage 3 corps des membres d’équipage passablement écrabouillés. Puis dans le poste de pilotage j’ai trouvé le pilote dont le crâne avait été écrasé. J’ai pris les commandes de cet engin que je ne connaissais pas vraiment.
FV : J’ai rejoint Aymeric et j’ai appelé le stratogyre qui m’a mis en relation avec la tour de contrôle de l’aérodrome le plus proche afin qu’elle nous guide jusqu’à l’atterrissage.
FD : Quant à moi, je vous ai offert un cordial alors que vous me racontiez les événements survenus dans le zeppelin. Votre interview prévue avec Batistin Boetto, le célèbre industriel. L’apparition du néandertalien. Sachant que les membres d’équipage étaient tous mort, il ne faisait aucun doute que le Régressé était M. Boetto. Je me souviens que vous vous êtes absentée afin d’enlever le sang qui vous maculait encore. Puis vous êtes revenue prendre des photos de la créature inconsciente et ligotée.
AS : J’ai pu poser notre engin sans encombre. À peine au sol le stratogyre nous a ramené au C.I.D. à Montmartre sur la demande expresse d’Albert ROCHE.
JJ : Oui, grâce à vous j’ai pu rencontrer cet illustre soldat et avoir l’exceptionnelle opportunité de pénétrer les locaux très fermés du C.I.D. qu’arpente une fourmilière d’agents, tous sosies du Nyctalope. Le premier soldat de France vous a appelés pour vous donner un compte-rendu des dernières découvertes en ce qui concerne ces régressions qui frappent, semble-t-il de manière aveugle, la population parisienne. Pouvez-vous nous en faire un résumé ?
FV : La régression est due à une bactérie d’origine pour l’instant inconnue. Mais que le public se rassure, la contamination ne peut se faire ni par contact ni par l’air. Il faut qu’elle soit ingérée ou directement injectée. Une fois dans le sang de la victime, la bactérie se transforme et ne peut donc plus être un facteur contaminant.
JJ : Voulez-vous dire que les victimes ont été “empoisonnées” ?
FV : C’est une possibilité.
AS : Il faut préciser que la transformation n’est pas définitive.
JJ : Il y a donc un remède ?
FD : Pas encore. Le sérum demande une souche originale de la bactérie. C’est la suite de notre enquête. Et je vous assure que nous faisons diligence.
FV : Nous essayons de trouver un lien entre les trois Régressés afin de définir où ils ont été infectés. C’est pour ça que j’ai inspecté l’inconnu de la Seine qui était conservé dans les locaux du C.I.D. Il portait des restes de vêtements d’ouvrier et il avait de la limaille de fer dans les poils.
AS: Il avait également un reste de peau humaine sous les ongles. Il avait reçu deux balles dans la poitrine.
FV : J’ai invoqué le Pharaon Blanc. Il a eu des visions teintées de rouge, déformées. L’ordre des images qu’il percevait allait à rebours. L’espèce de filtre rouge a disparu. Il s’est retrouvé dans une pièce avec un plafond en terre et des lattes de bois. Puis la vision d’un homme de 50 ans environ qui lui tire dessus.
JJ : Vous voulez dire que les événements auquel vous assistiez étaient à l’envers ?
FV : C’est ce que le Pharaon Blanc a perçu.
JJ : Qu’avez-vous fait ensuite ?
AS : Je vous ai ramenée chez nous. Prendre soin de vous avec un repas et du repos après cette journée forte en rebondissements.
FV : Pareillement, je suis allé me reposer chez moi.
FV : N’ayant pas besoin de repos et craignant pour notre ami ESCLANGON que nous avions laissé dans le logis d’un potentiel tueur, je me suis rendu à ses côtés afin de voir s’il ne manquait de rien, et veiller sur lui.
JJ : Que s’est-il passé le lendemain ?
FV : Ernest ESCLANGON est enfin rentré à son Observatoire et nous nous sommes retrouvés pour échanger nos réflexions.
FD : Nous avons entendu des réactions anti-Nous Autres qui s’exprimaient dans les journaux ou les murs de notre capitale.
AS : Et lorsque nous avons voulu contacter l’Institut du Radium afin d’avoir une expertise extérieure au C.I.D., nous avons appris avec surprise et tristesse qu’il avait été victime d’un attentat anti-Nous Autres du fait des positions politiques des Joliot-Curie. Heureusement les dégâts étaient minimes.
FV : C’est d’ailleurs à cette occasion que nous avons évoqué le bienfait que nous aurions à avoir un télétransmetteur pour nous parler à distance et Aymeric a même évoqué l’idée d’une société pouvant effectuer du télélabeur.
AS : Oui, merci Ozi3 pour la précision de ta mémoire mais on s’éloigne du cœur de notre enquête.
FV : J’en conviens mais ça nous serait bien utile.
FD : Bref, nous avons décidé de procéder à une enquête de voisinage sur l’Île de la Cité afin de trouver l’identité du dernier Régréssé et de retracer son parcours.
AS : Nous avons même interrogé les pêcheurs qui l’avaient sorti de la Seine.
JJ : À quoi avez-vous abouti ?
AS : À une impasse (air renfrogné).
FD : Pour l’instant nous n’avons rien trouvé de significatif.
FV : Oui, mais il y a à présent l’événement survenu devant l’Assemblée Nationale.
JJ : Oui, c’est un événement important. J’avais convié mon cher Aymeric à manger dans un restaurant à proximité de l’Assemblée et lorsqu’il m’a rejoint, nous avons assisté à l’enlèvement d’un Régressé par un stratogyre. En savez-vous plus ?
AS : Pour l’instant non. Nous n’avons pas encore pu nous renseigner sur ce primitif qui pendait au bout d’un filin, soulevé par l’appareil du C.I.D.
JJ : Quels sont vos projets ?
FV : Contacter Albert ROCHE au C.I.D.
FD : Solutionner l’enquête et trouver le coupable. À tout prix.
JJ : Merci Messieurs. Une dernière question. Que pensez-vous de la lettre anonyme impliquant Nous Autres ?
AS : Je n’y ai pas vraiment réfléchi.
FD : Je ne m’occupe pas vraiment de politique.
FV : C’est étrange. Pourquoi une puissance internationale comme Nous Autres communiquerait par lettre anonyme. On s’attendrait plutôt à un communiqué officiel. Cela dit cela ressemblerait à une déclaration de guerre. Il aurait mieux valu, pour eux, vraiment utiliser l’anonymat pour délivrer une déclaration idéologique sans se dévoiler. Mes réflexions ont tendance à me faire penser que cet écrit n’est pas vraiment de Nous Autres. Qu’il s’agit d’un détournement d’attention en déclenchant un chaos politique. Mais je ne suis pas un expert de ces choses humaines.
JJ : Merci Messieurs pour m’avoir accordé un peu de votre précieux temps.
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