samedi 18 décembre 2021

Le vol des dragons - épisode 11

Les dessous du Flumph rose

Nous franchissons les portes du théâtre. Le hall vide résonne sous nos pas. Soudain une porte s'ouvre sur un brouhaha accompagné d'une matrone suivit d'une trentaine de halflins bavassant, vocalisant ou déclamant. Toute la troupe du Flumph rose nous débaroule dessus.

Karl se fait passer pour un certain Karolus Statis, Premier Assesseur de la Guilde des Cartographes et Exterminateurs de Vermines Souterraines. Il parlemente avec la régisseuse du théâtre, Dame Galiano, pendant que dans un salon attenant les acteurs de petite taille répètent. Elle nous confie à son adjoint, Régis, halflin également. A la recherche d'un passage vers les sous-sols "d'où pourrait remonter la vermine", il nous conduit tout d'abord à l'Annexe emplie d'ustensiles servant à la dramaturgie.

Je lui demande de nous amener aux loges prétextant une connaissance approfondie des plans de la bâtisse. Nous nous retrouvons dans un long couloir bordé de portes. Je commence à ouvrir la première, espérant reconnaître la loge de ma vision. Des halflins y répètent. N'ayant pas d'impression fulgurante, je referme et parcours ainsi le couloir jusqu'à une loge dont l'impression de déjà-vu est flagrante.

Nous virons délicatement la demoiselle qui pratiquait ses étirements ainsi que Régis, faisant allusion aux risques inhérents aux exterminations de vermines souterraines, lui demandant même de n'être dérangés sous aucun prétexte.

Sous le grand tapis au centre de la pièce, nous trouvons une dalle de 50 cm de côté qui s'avère scellée magiquement.  Après quelques tentatives pour la soulever, cherchant un mécanisme ou un déclencheur magique, Karl demande au Vif-Acier d'arracher cette foutu dalle, qu'importe les dégâts. Nim prend ses appuis, glisse ses longs doigts fins dans les interstices entre les pierres et soulève !
Sous ses pieds, les dalles se brisent sous l'effort et les bords de la pierre se fendillent mais il dégage le passage vers une échelle plongeant dans un puits.

Nulfnir prend la tête. 10 mètres plus bas, un grand couloir descend en pente jusqu'à aboutir à l'énorme porte naine de mes visions. De chaque côté, des runes naines y sont gravées que notre humain élevé par des nains n'a aucun mal à déchiffrer. 
"Les trois clefs d'un côté... ...apportez-les de l'autre"


Nim est placé devant la porte avec les deux oreilles du Goblours dans les mains et après une interprétation douteuse de "Ta bouille barbu", pièce pour deux cornemuses, la porte s'ouvre.

Arnulf entre prudemment. La salle est vaste. Elle comprend 12 portes et trois énormes piliers soutenant 3 ponts situés à 18 mètres au dessus de nos têtes et reliés par une sorte de coursive. Le pont du milieu est écroulé.

Nous commençons par investiguer par la gauche. Les premières portes sont closes jusqu'à la 4ème qui accepte de s'ouvrir. Nous pénétrons dans une pièce décorée d'une grande fresque aux détails impressionnants. Observant de plus près, Arnulf et moi sommes victimes d'un charme qui nous contraint à rester sur place pour protéger cette œuvre d'art. Malgré de multiples tentatives pour nous décoller de là, Karl fait chou blanc et décide de continuer à explorer en compagnie de Nulfnir et de Nim. Il embarque la lanterne après une mise au point avec Arnulf sur l'appartenance du matériel. Nous restons seul dans cette pièce, dans le noir mais cela ne semble pas invalider notre garde vigilante avec Arnulf.

Karl et sa bande montent à l'étage par l'escalier au fond de la pièce pour déboucher sur la galerie soutenue par 3 piliers en forme de marteau et comportant 3 arches. Un mosaïque naine partiellement abîmée décorait l'endroit. Chaque arche ouvre sur une passerelle enjambant la salle principale au rez-de-chaussée.

La première passerelle craque et souffre au passage de Nim qui fait son poids. Le trio aboutit devant un porte de ce même métal adamantin que la porte principale. Elle s'ouvre sans difficulté et révèle une pièce poussiéreuse, encombrée de toiles d'araignée. Elle contient une grande statue d'un nain en armure, visage masqué, brandissant une hache et dont les pieds sont fondus dans le sol juste devant une trappe dans ce métal inexpugnable.

Nim tente de soulever la trappe. Il est réduit en cendres et rouages par un rayon sorti du masque de la statue. Adieu Nim !

Nulfnir se souvient que c'est la représentation de Goungreltim le Dieu nain de la vigilance, surnommé également "l'Œil ardent" et ça le fait flipper sa race !
Karl cherche d'autres pièges mais ne trouve rien.

Le duo traverse la passerelle en sens inverse pour aller voir la deuxième arche menant à celle brisée. En face, il y a une porte. Mais comme l'entreprise n'est point aisée, il avance vers la troisième où la partie brisée de la mosaïque se répand au sol, une fissure s'ouvrant dans le mur. Le marchand y regarde de plus près et un slime noir s'en échappe et lui dégouline dessus. Il se fait tentaculer et acidifier par le Pudding noir qui lui fond sa lanterne. C'est la bataille dans le noir. Nulfnir vient, tant bien que mal, à sa rescousse et masse la gélatine pendant que l'agressé la tranche sans bien grand dégâts. Elle réplique en dissolvant le sac contenant les dernières maigres richesses du pauvre Hunain. Le salaud sait taper où ça fait mal ! Mais néanmoins blessée, la créature se replie dans les ombres.

Touchés dans leur chair ou dans leur propriété, les deux explorateurs redescendent essayer de nous rallier à leur pérégrination. Mais le sort est trop puissant et ni Arnulf ni moi-même n'arrivons à trouver un quelconque intérêt dans la poursuite de cette aventure.

Karl est trop soûlé par notre attitude égoïste et se re-barre, suivit de près par Nulfnir qui a les miquettes depuis sa rencontre avec la statue du Dieu nain. Il déniche deux pierres et parvient à allumer une torche arrachée de haute lutte à l'instinct de propriété de Nulfnir. Puis, visiblement inspiré, il revient vers nous et nous asticote avec la possibilité de danger pour notre fresque par rapport au Pudding noir. Notre rôle de gardien étant en jeu, nous suivons nos compagnons à l'étage. Très rapidement, le sort qui nous affectait se dissipe et nous poursuivons librement les investigations.

Karl nous conduit au troisième pont, à la troisième porte derrière laquelle, hormis les sempiternelles poussière et toiles d'araignée, une enclume occupe le centre.  Dessous les runes naines indiquent :
"Que le marteau frappe et que l'enclume résonne"
Je fais le tour de la pièce pour découvrir une fresque représentant quelque Dieu nain armé d'un marteau dans une pose guerrière. De l'art nain classique quoi ! Sauf que, en y regardant de plus près; le marteau est amovible.

Nulfnir a les chocottes et ne veut toucher à rien. Arnulf se dévoue et décroche de la fresque l'imposant marteau de guerre dont les runes gravées dessus nous appelle à garder espoir:
"Reprenez courage et soyez victorieux."
Arnulf frappe, l'enclume résonne, puis il remet le marteau en place. Les plaies des blessés se referment, les bleus disparaissent, restent les maux de l'âme pour ceux qui furent dépossédés d'une partie de leurs biens.

Nous redescendons à la salle principale sans être inquiétés par le Pudding noir qui doit jubiler dans un coin, d'avoir privé un nain (ou à peu près) de ses quelques possessions en ce bas monde. C'est visiblement sadique un Pudding noir.
Aucun changement. Aucune porte ne s'ouvre.
Nous remontons, passons la salle de la statue, nous demandant si
ça ne marcherait pas mieux si c'était le nain qui tentait de soulever la dalle. Au pire ça le débarrasserait définitivement de ses peurs divines et de la tristesse de la perte. Mais l'intéressé ne l'est justement pas et ne veut toujours rien toucher.

Du coup, nous voilà devant la deuxième arche et la passerelle cassée. Karl s'encorde, saute et atteint l'autre bout. Il nous fait signe de le suivre. Je m'élance mais ai visé trop juste et bien qu'atteignant l'autre côté, j'érode le bord de la passerelle et agrandit la brèche.

Arnulf décide de plutôt tenter une escalade du pilier de soutènement à partir de la salle principale. Il redescend donc, passe dans la salle à la fresque maudite en résistant à l'envie d'y rejeter un coup d'œil vite fait, arrive dans la salle au rez-de-chaussée et... ne se souvient plus pourquoi il est descendu. Puis ça lui revient, ses capacités mémorielles tout autant que cognitives ayant l'air très variables et intermittentes.
Il arrive au pied du pilier et appelle pour que ses collègues lui lancent une corde. Puis il prend le temps de râler qu'ils aurait pu faire des nœuds régulièrement pour lui faciliter l'ascension.
Bref, Nulfnir et lui finissent par nous rejoindre.

Nous ouvrons enfin la porte où aboutit la deuxième passerelle. Poussière et toiles d'araignée nous accueillent encore. Au 4 coins de la pièce, 4 armures naines complètes gardent silencieusement le lieu. Sur le mur, une inscription :
"En échange d'un secret jamais encore prononcé se descelleront les lèvres de Dumatoy !"

Un peu décontenancée, je propose de prendre le temps d'une harmonisation avec la pierre de Golor. Je sens une présence à mes côtés sous mon crâne. Je dialogue ainsi avec l'Aboleth qui a l'air de disposer d'une infinie connaissance.
Il me confirme que la salle de la statue du Dieu nain est un mortel piège à cons et que la solution à notre quête réside bien dans cette salle et que les instructions sont claires.

Soudain Karl révèle sa filiation avec Dame Laéral Silverhand, l'actuel seigneur manifeste de la ville de Waterdeep !

Une partie du sol se met en mouvement et là où il ne semblait y avoir qu'un pavement uniforme se déploie à présent un escalier en colimaçon de 3 mètres de diamètre. Nous descendons sur 36 mètres ce qui nous permet d'admirer ce chef d'œuvre d'architecture naine.

Il se poursuit sur un couloir de 3 mètres de large et dont le plafond est bioluminescent qui
débouche sur un autre couloir à angle droit. Nous prenons à gauche sur 15 mètres jusqu'à une grande pièce comme baignée de grains de soleil. Des piliers, des fresques et une alcôve d'où dégueule un énorme tas d'or attirant notre regard, attisant la joie en nos cœurs de ceux qui voient la fin de leur quête.

Mais, sort tranquillement de derrière une colonne un espèce de vieux nain aux allures dorées, se présentant sous le nom de Barok Frappe-Marteau et tenant fermement le bâton d'Agairon.

Et, le voyant approcher, nous ne pouvons nous empêcher de nous demander :  "Les dragons d'or ne seraient-ils pas polymorphes par hasard ?"

A suivre

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire